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J'ai donc participé à un casting, hier soir, et j'en ressors avec des sentiments mitigés.
Ce n'est que jeudi qu'on nous a invités, dans l'association où j'apprends le théâtre depuis quelques mois, à participer à ce casting. Le but étant de recruter pour une pièce de théâtre qui sera répétée pendant un an et jouée pendant six mois. Gros projet, gros engagement, si on accepte, il faut aller au bout.
La pièce n'est pas encore totalement validée. Lors du casting, son choix était encore sérieusement discuté.
Donc il était question de s'engager sur le long terme pour... une association que je découvre encore et une pièce pas encore déterminée.
Le timing me semblait, d'emblée, très mauvais.
Parce que je débute, je ne suis jamais montée sur des planches, je ne me suis jamais confrontée à un public, j'ignore si mes nerfs vont apprécier et si l'expérience va me plaire.
En prime, je suis en transition. Autrement dit, je suis en train de changer, physiquement, psychologiquement, socialement et... il est possible que je subisse des interventions chirurgicales avec arrêt maladie, d'ici un an et demi.
Dans un premier temps, je n'étais donc pas franchement emballée, même si, évidemment, j'ai très envie, un jour, de jouer, d'intégrer un tel projet. Sauf que pour le moment, je suis surtout dans une démarche thérapeutique, avec cet apprentissage, pour prendre confiance en moi, progressivement.
Donc, le jeudi soir, je me disais que non, je ne participerai pas à ce casting.
Le vendredi, j'y ai réfléchi un peu plus, et je me suis dit que même si je ne participais pas à la pièce, ça pourrait être une expérience intéressante, ce casting. Et puis... ce serait l'occasion de tester un de mes sketchs devant un public, restreint, a priori bienveillant...
Le samedi, l'idée a commencé à mûrir, et je me suis choisi un sketch en solo déjà écrit.
Le dimanche, j'ai enregistré ce sketch en podcast, pour voir, et j'ai commencé à y apporter quelques modifications. Parce qu'entre la façon dont je l'imagine dans ma tête et la façon dont il sort de ma bouche... Il y a un écart.
Le lundi, j'ai commencé à le répéter et là aussi je me suis rendue compte qu'il y avait des soucis dans sa construction. Et... j'ai commencé à me rendre compte que je ne savais absolument pas quoi faire de mon corps, de mes mains, de mes jambes, de mes mouvements... Mais à ce moment, je n'étais pas encore sûre d'y aller, à ce casting.
Le mardi, soit le jour J, je l'ai travaillé de nouveau, et j'ai constaté que je ne savais toujours pas comment le jouer, en plus d'avoir un blanc récurrent à peu près au milieu de mon texte. Je me suis dit qu'avec un jour ou deux de plus, j'aurais pu être au point. Mais il me restait deux heures...
C'est le message de rappel reçu sur Whatsapp qui m'a convaincue d'y aller quand même, alors que j'avais arrêté de répéter pour faire totalement autre chose. Je connais mon cerveau: il était saturé, il avait besoin de temps et notamment d'une nuit de sommeil pour assimiler mon texte.
J'y suis donc allée en me disant "tant pis, de toute façon, vu le peu de temps qu'on a eu, je ne serai sûrement pas la moins bien préparée".
J'ai déchanté en arrivant dans la salle, parce qu'il y avait beaucoup moins de monde que ce que j'avais imaginé. Je m'attendais à ne pas être la seule, dans les grands débutants, à être venue sans grande conviction. On n'était que trois de mon groupe. Et j'ai compris, en plus, qu'on devrait passer devant tout le monde, y compris les cinq ou six personnes que je ne connaissais pas du tout.
Grosse pression.
La première à se lancer était une prof de l'association, si j'ai bien compris. Forcément, je me suis comparée à elle et... je me suis demandé ce que je foutais là. Quand j'ai vu son interminable et immaculée prestation en impro, je me suis demandé s'il ne valait pas mieux me barrer.
J'ai avalé ma salive et je suis restée.
Le second, c'était un membre de mon groupe. J'ai égoïstement espéré qu'il allait me mettre à l'aise avec une prestation moyenne. Ben non. Il m'a confortée dans mon idée que je n'avais absolument rien à faire parmi eux.
Foutue pour foutue, j'y suis allée. J'avais pas envie de me dégonfler. J'ai explosé en plein vol. J'ai senti que ça le faisait pas, que j'étais pas dedans, j'ai eu le fameux blanc en plein milieu de mon texte, j'ai préféré arrêter le massacre là et me rasseoir.
J'aurais sans doute mieux fait de me dégonfler, de me contenter de regarder les autres.
Parce que maintenant je doute de moi, de mon talent d'écriture, de la fiabilité de mon système nerveux face à un public...
Je sais pourtant pourquoi j'ai été nulle.
Déjà, je débute. J'ai parfaitement le droit de me louper alors que ça ne fait que huit mois que je fais du théâtre.
Ensuite, je n'étais pas franchement motivée et en conséquence, j'étais très mal préparée.
Donc, effectivement, au vu de ce contexte, je n'étais pas à ma place.
Mais je ne regrette pas d'y être allée. Oui, c'est paradoxal, mais on se construit sur les échecs. Aujourd'hui, j'ai un gros vague à l'âme, mais dans une semaine, je l'aurai digéré.
C'est une expérience qui va me permettre d'être mieux préparée à l'avenir. C'est important de se confronter aux autres, d'autant que personne ne m'a huée. Bien au contraire, les autres m'ont applaudie et encouragée. Je suis tombée mais c'était dans un contexte bienveillant, ce qui vaut bien mieux que de se prendre une tomate ou un œuf.
Je suis en train d'apprendre des choses sur moi-même, et ça me sera utile à l'avenir, pour la pratique du théâtre, pour l'écriture et même dans ma vie de tous les jours.