dimanche 30 juillet 2023

Critique: Skinheads, de John King

 



On m'a chaudement conseillé de m'intéresser à John King, qui n'a rien à voir avec Stephen, alors j'en ai acheté deux: Football factory et Skinheads, aux éditions Points. Et j'ai donc commencé par ce dernier.

Je vais commencer par évacuer ce détail: il y a des coquilles assez gênantes tout au long du roman.

Sinon, King nous livre un récit très descriptif avec comme idée de nous montrer ce qu'est le "vrai" skinhead anglais, originel. Et je dois dire que pour moi, Française rurale, le skinhead, c'est le fasciste aux cheveux rasés, qui porte des Dr Martens avec des lacets blancs, qui écoute de la musique aux propos racistes et violents, et qui pratique la ratonnade à l'occasion. Une espèce qui, à défaut d'avoir disparu, s'est quelque peu transformée, depuis les 90's.

Je revois encore mon meilleur ami de l'époque s'amuser à transformer en maisons les nombreuses croix gammées que ces ordures traçaient un peu partout dans notre ville à cette époque.

Je partais donc avec des a priori aussi négatifs que possible.

Et la lecture de ce livre m'a permis de comprendre que ces ordures ont corrompu le mouvement skinhead original, qui n'avait rien de fondamentalement raciste. Il est question d'influences jamaïcaines, de proximité avec le punk, avec un patriotisme et un goût de l'ordre, de l'uniforme qui font leur fierté.

À vrai dire, je n'ai pas pu m'attacher aux personnages, malgré tout. Parce que s'ils se montrent, à mon sens, tout à fait respectables, contrairement à leurs avatars que j'ai eu le malheur de croiser dans ma vie, ils restent trop éloignés de moi.

Et l'histoire n'est qu'un prétexte pour nous les montrer en situation, interagir entre eux et avec leur société. Le vieux taulier rachète un bar pour bien nous montrer à quoi ressemble l'esprit skinhead, un autre s'embrouille avec des dealers pour nous montrer leurs valeurs morales... OK.

C'est bien écrit, c'est détaillé, c'est riche, c'est parfaitement crédible... King maîtrise sa langue et son sujet, mais j'ai pas adhéré. J'aurais aimé un peu plus de piment, de tension.

J'espère que Football factory, que je lirai d'ici peu parce que je ne compte pas me décourager si facilement, répondra un peu plus à mes attentes.


dimanche 23 juillet 2023

Critique: Le Monde de Julia, de Jean Baret et Ugo Bellagamba


 


On m'a dit le plus grand bien de la collection mu, chez Mnemos, alors j'ai voulu tester. Après avoir passé un certain temps à scruter les titres tous aussi intéressants les uns que les autres, j'ai opté pour un roman qui mélange science-fiction et... droit. Deux univers que je connais un peu et qui me plaisent bien. Voilà comment je me suis retrouvée avec Le Monde de Julia.

Je pense qu'il vaut mieux disposer de certaines connaissances juridiques pour pouvoir appréhender cette fable plutôt complexe. Il s'agit, en quelque sorte, d'une version modernisée de Montesquieu et son Esprit des lois, avec, peut-être, un zeste de Lettres persanes dans la forme. Ayant lu ces deux ouvrages à la très lointaine époque du lycée, je préfère rester prudente sur l'analogie.

À travers un monde en ruine où les survivants cherchent la meilleure organisation politico-juridique en se basant sur des films ou des livres de l'ancien monde, on suit à la fois un groupe de scientifiques qui essaient de mettre un peu de raison dans ce terrible bordel, et une étrange gamine, Julia, qui brille par son intelligence et ses connaissances hors normes. Elle va devoir suivre une sorte de cheminement initiatique, accompagnée par un robot et d'insolites créatures qui vont la jauger jusqu'à la révélation finale, qui donne à réfléchir, à l'heure de Chatgpt.

Et si le salut nous venait de cet enfant hors norme?

Je dois avouer avoir été larguée par le récit une fois ou deux, même s'il se laisse lire, avec un style fluide et agréable.

Et pour ce qui est du livre en tant qu'objet, il est très beau et met parfaitement en valeur le texte. Je n'ai pas le souvenir d'avoir croisé une coquille et les couvertures de cette collection me plaisent beaucoup.

Ça donne envie de s'y faire éditer...