dimanche 5 mai 2024

Critique: Le Roman de la momie, par Théophile Gautier


 

J'ai toujours des lacunes, au niveau des "classiques" de la littérature. Je mets des guillemets à "classiques" depuis qu'un prof, à la fac, m'a fait remarquer que ce terme ne devrait s'appliquer qu'au courant dit "classique" qui couvre globalement le règne de Louis XIV. Et parmi ces lacunes, il y avait Théophile Gautier.

Je profite d'avoir de gros soucis financiers pour puiser dans le domaine public de quoi nourrir mon esprit avec ce livre obtenu, donc, gratuitement.

Et c'est une énorme déception.

D'abord, à cause d'un quiproquo qui remonte, justement, à mes études de lettres. Je n'ai jamais étudié Gautier. J'en avais juste très vaguement entendu parler et je n'ai jamais pris la peine de me renseigner sur lui. Je savais simplement qu'il s'agit d'un auteur du XIXème et qu'il a écrit ce Roman de la momie. Et j'ai associé le plus naturellement du monde "la momie" au courant gothique, avec Dracula et la créature de Frankenstein. Parce que les momies sont associées depuis mon enfance aux vampires, loups-garous et autres monstres, avec les dessins animés ou les films.

Hé bien non. Rien à voir. C'est une histoire d'amour sans sorcellerie, sans maléfice, sans paranormal, sans monstre. Une histoire d'amour limite mièvre, d'ailleurs. Un bon vieux triangle amoureux des ménages, mais à un moment clé de l'histoire égyptienne.

C'est le petit supplément d'âme.

Parce que le gros de la déception vient de la forme.

On peut me raconter une histoire d'amour mièvre si, au niveau du style, de la narration, on parvient à m'emporter. C'est tout à fait faisable. Sauf que là, Théophile, il a juste réussi à me faire rire, à ses dépens.

Le roman est court. Et c'est heureux. Parce que pour plus de la moitié, c'est de la description. Et pas de la description bien menée, vivante, qui vient te toucher les tripes, non. Non.

Le but de Théophile Gautier n'est pas de nous toucher les tripes mais de nous montrer comment il maîtrise trop bien son jargon égyptologique. Comme si le but était de plaire à son prof de français (s'il en a eu un) ou... aux égyptologues. Il se trouve que je ne suis ni l'un, ni l'autre, donc ça m'a profondément ennuyée, cet interminable et inutile verbiage.

Si un jour, j'écris un livre qui se déroule à la même période, je me servirai de ce livre pour glisser, de temps en temps, un mot qui fait couleur locale. Mais ce n'est pas prévu.

Non, ça ne m'a pas impressionnée du tout. Ça m'a fait rire, parce que tout ce qui est excessif finit par devenir ridicule et donc drôle. Je ne peux même pas dire que c'est beau. Il y a une esthétique, certes, mais une esthétique froide. Et comme j'étais noyée par les détails qui nuisent à ce qui m'importait le plus, l'histoire et les personnages, j'ai très vite décroché. J'en suis même arrivée à zapper des passages entiers, ce qui est quand même un comble pour un roman aussi court.

Je me rends compte en écrivant cette critique que mes études de lettres m'ont amenée à comprendre et à aimer des livres que j'aurais sans doute détestés si je les avais découverts sans les explications d'un enseignant passionné.

Et ça me semble logique de formuler cette remarque sur un livre qui évoque, dans son introduction, la découverte de hiéroglyphes traduits par un expert qui les appellera "Le Roman de la momie".

À croire que Gautier savait, avant même de l'écrire, qu'il y aurait des gens comme moi pour se moquer de son livre dans le futur, simplement parce que je n'ai pas ou plus les clés pour le comprendre.


J'ai changé de style, pour la suite, avec Cyrano de Bergerac, que je ne parviens pas à m'imaginer avec d'autres traits que ceux de Depardieu.

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