C'est grâce à Diniz que j'ai fait la connaissance de Christophe Siébert, qui pèse dans le game, comme disent les jeunes, mais c'est pas le sujet du jour. Là, je ne vais pas vous parler de la légende, mais de l'auteur, en toute simplicité.
Bon OK, je vais essayer de ne pas partir dans la flagornerie.
Il s'agit donc de Feminicid, Une Chronique de Mertvecgorod, édité par l'excellent Diable Vauvert. Ha oui, pardon, pas de flagornerie, j'ai dit.
Je ne le connaissais pas du tout et je le regrette bien. Feminicid... C'est le titre qui m'a amenée à choisir cet opus plutôt qu'un autre. Le thème me parle particulièrement.
Je m'attendais à trouver un roman, mais non, c'est un assemblage de réflexions, de témoignages, de chronologies historiques. Christophe Siébert se met dans la peau d'un journaliste fictif qui enquête sur une abominable série de féminicides, et qui livre ses trouvailles.
La forme s'avère déroutante. J'imagine qu'elle doit l'être un peu moins pour ceux qui connaissaient déjà Mertvecgorod, ce petit pays fictif situé au niveau de la Russie et de l'Ukraine, déjà présenté dans Images de la fin du monde.
Ce qui n'était donc pas mon cas. J'ai plissé les yeux et froncé les sourcils une bonne partie du bouquin, à me demander dans quoi il m'embarque, monsieur Siébert.
Il m'a embarquée dans un monde dégueulasse, pourri jusqu'à la moelle, qui n'est pas sans rappeler Dantec, comme indiqué sur le quatrième de couverture. Oui, on sent, du début à la fin, La Sirène rouge, Les Racines du Mal, Babylon babies, voire Les Résidents, comme références. Ça tombe bien, j'ai adoré ce parano de Dantec (comme auteur, beaucoup moins pour son positionnement philosophico-politique), dans ses premières œuvres. Beaucoup moins après Babylon babies.
Sans spoiler, j'ai beaucoup aimé le passage avec la pierre noire, qui m'a bien chatouillé l'imaginaire.
Pour peu qu'on aime bien le sadisme, la corruption, la crasse, on devrait s'y retrouver. À condition, cependant, de ne pas se montrer rebuté par les puzzles.
Parce que le livre est présenté, un peu, comme un dossier pénal. Le sieur Siébert ne prend pas son lecteur pour un con. Il le submerge donc d'informations où la fiction et la réalité peuvent se mêler. Il faut s'accrocher et réfléchir, partir du détail pour ensuite prendre du recul, dans le temps et dans l'espace. Comment ce pays en est arrivé à cette situation dramatique? Pourquoi ces femmes sont-elles mortes? Pour qui?
C'est dense, c'est touffu, c'est riche.
Je n'imagine pas le temps qu'il aura fallu pour construire cet univers, avec une telle précision.
J'ai donc la ferme intention de retourner à Mertvecgorod, d'ici assez peu de temps, pour voir jusqu'à quel point l'esprit humain peut sombrer.
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