Je connaissais Diniz par ses traductions de mes bouquins préférés. Il faut dire qu'il a un nom qui sort de mon ordinaire, et qui se retient plutôt pas mal. Le hasard a amené nos chemins virtuels à se croiser, il y a peu, et j'ai découvert un type avec des valeurs qui me plaisent bien et des goûts littéraires qui collent avec les miens.
De mon point de vue, ça suffit déjà à justifier l'achat de ses romans.
J'ai donc essayé Gokan, au Cherche-midi, (il me pardonnera pour les accents, j'espère, je ne sais pas où Linux me les a foutus (et j'ai un peu la flemme de chercher)), qui est malheureusement trop difficile à trouver. Raison pour laquelle je me retrouve avec un livre d'occasion, dans un état correct.
Dès les premières pages, je me suis dit "mais il est bon, ce con!". On s'habitue un peu trop à ce que les mecs talentueux soient des pourritures, alors, forcément, ça peut surprendre. Et, peut-être par jalousie, j'ai cherché des défauts. Alors, ma deuxième réflexion, ça a été de me dire "Ok, Diniz, ça va, on a compris que tu connais le Japon mieux qu'un Japonnais. Et la ramène pas trop non plus niveau musique, hein?"
Sauf que j'ai dû me rendre très vite à l'évidence que c'était de la mauvaise foi de ma part. C'est bien dosé, ça se passe au Japon et il nous y plonge avec maîtrise. C'est ça, qui me frappe le plus: le style. C'est rythmé, c'est riche mais pas "m'as tu vu". De temps en temps, il te met une petite claque pour te réveiller. La figure de style, la punchline qui va bien...
Ok, tu maîtrises le kung-fu, maintenant, montre-moi ce que tu as dans le ventre.
Diniz nous raconte une histoire simple, une histoire de yakuzas, avec une valise pleine de billets, un américain bien dégueulasse, une jeune femme qu'il ne faut définitivement pas emmerder, des flingues, des armes par destination et quelques pauvres types qui se demandent ce qu'ils font dans ce merdier.
C'est du Tarantino version roman. C'est indiqué sur la couverture, c'est rappelé dans le récit, c'est totalement revendiqué.
Il ne faut donc pas chercher des grands sentiments, de la philosophie, une morale bouleversante... Non, c'est du divertissement, c'est du défoulement, c'est un assemblage d'éléments disparates de la culture pop.
C'est de la série B, mais écrite comme si c'était de la "grande littérature", c'est de la vulgarité écrite avec talent. C'est aussi un exercice de style: comment transposer du cinéma en mots et juste en mots.
Diniz nous présente des personnages caricaturaux, comme l'Américain, qu'il réussit à rendre crédibles, vivants. Ils ont tous une histoire, même les plus insignifiants, une personnalité et je me suis demandé tout au long du roman "mais où il veut en venir? C'est quoi le rapport entre tous ces gens qu'il nous dépeint avec finesse?".
Je ne vais pas spoiler, mais ça me rappelle un peu quand j'étais gosse, que j'inventais des histoires avec mes jouets, que je leur donnais une personnalité, pendant des heures et à la fin... bam bam bam!
Voilà, il n'y a pas d'autre prétention, c'est conçu pour être jouissif. Et ça l'est.
Une fois terminé, je me suis donc posé une autre question: pourquoi il n'est pas plus connu, ce bouquin, mais aussi son auteur? Pourquoi je ne le découvre que maintenant?
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