samedi 11 décembre 2021

Sleepy Hollow, la série

 Comme j'ai bénéficié d'un an d'abonnement à Disney + gratuitement (sûrement une erreur...), j'ai voulu exploiter le filon jusqu'au bout. J'ai beaucoup aimé les animés Star wars, mais sinon... C'est vieux ou très moyen. Rien de très emballant.

Et puis, en bout de parcours, je suis tombée sur la série Sleepy Hollow. J'avais bien aimé le film de Tim Burton, et surtout, le pitch m'a clairement rappelé le roman sur lequel je suis en train de travailler depuis quelques mois.

Alors, oui j'étais assez emballée et les premiers épisodes étaient à la hauteur. Tom Mison et Nicole Beharie sont magnifiques tout comme leurs costumes, l'ambiance est parfaite. Mais surtout, le concept: une ville hantée par des créatures maléfiques liées aux pères fondateurs des Etats-Unis.

Les crimes, les haines, les rancœurs du passé qui viennent tourmenter une civilisation présente hyper avancée techniquement, rationnelle... Ça me plait. Il y a donc du bon et même du très bon.

Il y a aussi du très mauvais. Sur la fin, j'ai fini par sortir de la série. Trop d'incohérences, des personnages qui avaient basculé dans la caricature et cette impression de carton pâte, avec des décors répétitifs, des économies sur les figurants... 

Mais le pire pour moi, c'est que c'est une ode malsaine aux Etats-Unis. C'était déjà le cas avec le film, et probablement la nouvelle originelle (que je devrais sans doute lire), de façon plus subtile. Là, ce n'est quasiment que ça. A chaque épisode un cours d'histoire. En soi, pourquoi pas? Sauf que... les Amérindiens sont presque totalement évacués. Ils ne sont l'objet que d'un malheureux épisode, avec le Wendigo. Idem pour la question raciale, qui est évacuée trop facilement. Genre "Oui, bon ok, c'est pas tip top, mais avec la démocratie, ça va bien finir par s'arranger, hein?".

Et au-delà de la dimension politique, c'est quand même dommage de passer à côté d'une telle mythologie. La série de romans Manitou de Masterton exploite tellement mieux ce filon avec la survenue d'un sorcier natif qui surgit du passé pour se venger. Là, non, à peu près toutes les menaces combattues par les personnages principaux viennent du christianisme, du vieux continent, avec un djinn, aussi... Et évidemment, c'est le melting pot, dirigé par un Américain né en Angleterre qui sauve le monde des pires démons. Il y avait tellement mieux à faire.

Que dire de la dernière saison? Un Ichabod Crane qui s'est adapté aux téléphones portables, aux avions et à Internet, et dont l'attitude devient grotesque, Abbie qui n'est plus là, et ça n'a pas l'air bien grave, l'histoire qui se déplace à Washington, mais quand même on revient de temps en temps à Sleepy Hollow, le grand méchant qui n'est pas bien crédible, un scénariste qui manque d'envie et d'inspiration avec une histoire menée tambour battant et donc super mal amenée... Et une fin qui n'en est pas vraiment une. On laisse la possibilité d'une cinquième saison, et en même temps on en finit avec ce désastre vite fait, mal fait.


Le contraste avec mon propre projet reste intéressant. J'en retire quelques bonnes idées, peut-être même quelques créatures que je pourrai utiliser. Mais ce sera vraiment très différent.

mercredi 28 avril 2021

Débriefing à chaque fin de roman

 J'ai fini par m'énerver un grand coup histoire de terminer Les Métamorphoses. "Terminer" est un bien grand mot, bien sûr. Un livre peut-il être considéré comme définitivement terminé tant que son auteur est en vie? 

J'ai commencé ce livre il y a environ trois ans, il me semble. Par rapport aux précédents, c'est relativement rapide. Et pourtant, trois ans, c'est très long. Je crois qu'hormis ma première puberté, je n'ai jamais autant évolué que sur cette période. Sans compter qu'en cours d'écriture, j'ai aussi gagné quelques niveaux d'expérience... en écriture. Donc... est-ce que je peux encore améliorer Les Métamorphoses? Oui, sans aucun doute, aussi bien au niveau idéologique qu'au niveau technique. Est-ce que ça vaut le coup de tout reprendre à zéro et de mettre à nouveau plusieurs années pour en voir le bout? Non. J'avais un cahier des charges, que j'avais fixé depuis le début et je l'ai rempli.

Je voulais écrire un roman court, fantastico-érotique, divertissant, où il est question de "métamorphoses" d'hommes en femmes, qui me permettrait justement d'améliorer ma méthode en attendant de m'atteler à des projets plus sérieux, plus lourds. Je peux faire nettement mieux, mais j'estime que mon objectif est accompli. 

Je l'aime bien, ce petit bouquin qui réussit toujours à me faire rire de mes propres conneries malgré des dizaines de relectures.

Cela dit... Je vais quand même attendre d'avoir quelques avis, avant de passer à la suite. J'ai identifié quatre éditeurs qui pourraient - qui sait? - être intéressés. Je pourrais aussi envisager l'auto-édition, mais je suis pas douée pour le visuel. Et le visuel d'un livre, c'est important. Chaque chose en son temps. Pour le moment, je vais essayer de bouger mon petit corps, histoire de me refaire une santé.

Avant ça, j'ai ajouté quatre règles à ma méthode, qui devraient me permettre d'être plus efficace, plus rapide pour le prochain projet. Projet qui commence tout doucement à prendre forme dans ma tête.


Règles pour mieux écrire.

  • Faire un très long brouillon manuscrit avec les éléments essentiels de l'histoire : début, fin, péripéties principales, personnages détaillés, lieux récurrents et enrichir le brouillon progressivement.
  • Réaliser une fiche personnage détaillée chaque fois que l'un d'eux, un peu important, fait son apparition.
  • Réaliser une fiche pour chaque lieu un peu important.
  • Dans la mesure du possible, imprimer les fiches et tenir au propre et à jour le brouillon pour lui éviter de trop s'étaler et gagner en clarté.
  • A chaque fin de chapitre, scanner avec Antidote pour repérer notamment les répétitions afin d'améliorer grandement le style.
  • Se relire régulièrement en partant du début pour conserver la cohérence et enrichir progressivement.
  • Dans la mesure du possible, prendre plusieurs personnages principaux et les alterner entre chaque chapitre pour éviter la monotonie, créer du suspense, insuffler un rythme.
  • Eviter l'emploi des verbes faibles autant que possible, en cherchant des synonymes ou des tournures différentes.
  • Utiliser des phrases courtes et directes.
  • Eviter les tournures ampoulées et ne pas chercher à trop en faire, au niveau du style : privilégier la simplicité.
  • Faire attention au plus-que-parfait.
  • Faire attention à l'abus de participes présent.
  • Faire lire et relire à des personnes très différentes et si possible sans affect.
  • Ne pas chercher à se démarquer: ça se fera tout seul, inconsciemment. Ou pas.
  • Enchevêtrer les éléments narratifs avec des rappels et annonces dans chaque chapitre pour donner fluidité et cohérence.
  • Suggérer plutôt que montrer.
  • Donner un passé aux personnages par des "cicatrices", langage, tocs, phobies etc.
  • Commencer les dialogues par des tirets cadratins.
  • Aligner les dialogues comme pour la narration, avec un retrait sur la première ligne d'un nouveau paragraphe et les suivantes au bord de la page.


jeudi 15 avril 2021

Difficultés de relecture et pistes abandonnées

 Je ne sais pas exactement pourquoi, et ça me perturbe un peu. Peut-être est-ce dû aux conditions sanitaires exceptionnelles. Trop d'efforts intellectuels et pas assez d'efforts physiques pour mon équilibre, alors je préfère me tourner vers le jeu Just Dance? Peut-être que c'est ma méthode d'écriture qui rend cette relecture laborieuse, mais j'en doute. Il n'y a rien de particulièrement compliqué, et je vais y revenir. Ou alors ce serait psychologique? 

Mon rapport avec ce livre est particulier. C'est celui de ma transition. Entre sa conception et maintenant, la relecture, j'ai énormément évolué. Je ne vois plus le monde de la même façon. Certains aspects me gênent, mais je ne peux les modifier sans réécrire totalement le roman. Foutre en l'air des années de boulot pour repartir à zéro. J'ai fait un choix: c'est non. Je tâcherai de me rattraper par la suite.

Il ne me reste vraiment pas beaucoup de boulot. Il m'a fallu insérer un indice pour atténuer l'un des soucis cités juste au-dessus. Et tout à l'heure, j'ai supprimé une "piste abandonnée".

Il faut faire attention à ce genre de détails. Parce qu'au début, j'avais une direction en tête, que j'ai finalement abandonnée pour une autre. Sauf qu'il restait des résidus de cette première orientation. Un passage où j'évoquais une solution pour que mes métamorphosés puissent retrouver leurs apparences originelles, au mérite. Et non. Donc forcément, le lecteur risque de se demander pourquoi mes personnages abandonnent tout de suite cette possibilité, pourquoi ils l'oublient aussitôt. Il m'a donc fallu ruser pour effacer cette piste sans nuire au récit dans sa globalité. Il m'a fallu un petit effort intellectuel pendant quelques dizaines de minutes, tout de même. Mon cerveau a un peu chauffé, mais je pense m'en être bien sorti.

Et évidemment, plus je vais avancer dans ma relecture, moins je vais être confrontée à ce genre de bugs. Pour le reste, on est vraiment sur des détails minimes. Tellement minimes quand je repasse sur mes coups de Stabilos, qui remontent à quelques longues semaines, je ne trouve pas toujours ce qui me posait problème.

D'où l'intérêt de tenir ma très récente résolution et me concentrer une fois pour toutes sur cette relecture, histoire d'en finir et de passer à un autre projet.

mercredi 10 mars 2021

Ma méthode d'écriture: mes brouillons, notes, remarques, carte...

 Et pour terminer, je pense que le mieux est de vous montrer mon bazar. Il y a les notes générales que je mets à jour au fur et à mesure de mes expériences, les idées que je note plus ou moins en vrac avant de commencer l'écriture et puis les innombrables notes et remarques que je me fais en cours d'écriture, de correction, de relecture... Et une carte, aussi, puisqu'il s'agit d'une ville fictive.









Bien sûr, ce n'est qu'un petit aperçu, je ne pouvais pas tout mettre. Mais je pense que ça donne une très bonne idée de ma façon de procéder, qui va encore forcément évoluer.

samedi 6 mars 2021

Ma méthode d'écriture: le matériel

 La machine à écrire, c'est classe, élégant, voire glamour, mais il faudrait être sacrément masochiste pour utiliser ce genre d'engin en 2021 pour taper de longs textes.

Comme tout le monde, j'imagine, j'ai commencé avec un simple traitement de texte. C'est la base, c'est incontournable. Pour ce qui est de la mise en page et du format, LibreOffice est aussi gratuit que parfait. De plus en plus de maisons d'éditions acceptent les envois numériques donc même si ce n'est plus mon outil principal, il m'en faut un, avec lequel en général je commence et je finis l'écriture.

Par contre, pour le gros du travail, j'utilise WriteControl.fr, un traitement de texte en ligne, conçu pour les écrivains. L'outil est perfectible. Sans connexion... dommage, et si elle est mauvaise, on peut faire une crise de nerfs. Mais on peut facilement chapitrer, ajouter des notes et surtout... on peut créer des fiches personnages. Et ça, c'est que du bonheur, quand on peut rester plusieurs mois sans écrire. Si on les remplit correctement, on a toujours tous les détails sous les yeux. On peut même y ajouter une photo. Pour Les Métamorphoses, chacun de mes personnages a été physiquement inspiré par une personne bien réelle. Donc avoir la photo sous les yeux en permanence pendant la rédaction, c'est plus que pratique. Ça évite les contradictions, parfait pour la cohérence.

Je conseille néanmoins de transférer le texte et le sauvegarder sur LibreOffice régulièrement, et sur un cloud. Je n'ai jamais eu de souci jusqu'à présent, mais il vaut toujours mieux prendre ses précautions.

Le dernier outil qui m'est indispensable, c'est Antidote. Il s'agit d'un correcteur particulièrement bien conçu et performant. En plus de la syntaxe, il s'occupe aussi des répétitions et par expérience, je conseille de vérifier ces dernières très régulièrement, dès le début. Parce que se casser la tête sur les répétitions quand on a écrit plusieurs centaines de pages, je peux vous dire que c'est déprimant. Pour la syntaxe, j'étais assez fière, mais... il faut croire que j'ai des tics d'écriture assez gênants. Et ce logiciel n'est pas programmé pour ménager mon petit ego. Tant mieux.

Je suis "cas contact" et donc isolée

A priori, on se rapproche de la fin de cette pandémie, même si le virus semble s'être lancé dans un baroud d'honneur. Et c'est à ce moment que mes parents ont fini par être infectés.

Je suis allée les voir dimanche, une petite heure, alors que ça faisait un mois et demi, deux mois que j'évitais, pour diverses raisons, mais surtout réduire les risques. Je suis la personne la plus exposée de ma famille et mes parents sont particulièrement vulnérables. Comme d'habitude: masque, gel avant d'entrer et distance. Ils étaient frustrés que je ne sois pas venue plus tôt et que le couvre-feu m'ait empêché de rester plus longtemps. Je leur ai répondu qu'au moins j'étais venue et que c'était déjà pas mal.

Ils allaient bien, je n'ai pas noté de symptômes.

Ensuite, je suis rentrée chez moi, et j'ai continué à mener ma petite vie, avec le boulot "en présentiel", la livraison de mon frigo pour remplacer celui en panne, l'entretien de ma chaudière, l'orthophoniste... Chaque fois, comme toujours, j'ai pris un maximum de précautions.

Jeudi soir, texto de mon père pour m'indiquer que lui et ma mère sont positifs, ma sœur est bizarrement négative et donc... je suis cas contact.

Depuis le début, j'ai la trouille que ce foutu virus ne se fasse un chemin jusqu'à mes parents. BPCO d'un côté et diabète de l'autre, a priori les chances pour que je devienne orpheline sont très fortes. Alors face à ce texto, je me décompose. Je demande des précisions, mais je n'en obtiens pas. Ils ont "quelques symptômes". Et je dois me faire tester dès que possible.

Le lendemain matin, je reporte la séance de psychologue. C'est ballot, ça m'aurait été bien utile, mais c'est comme ça. Le midi je reçois un texto de l'assurance maladie qui me renvoie vers un site où on me donne les recommandations: je dois effectivement me faire tester et je suis isolée pendant une semaine. Je ne comprends pas tout, alors j'appelle le labo qui me dit que non ça ne sert à rien de se faire tester tout de suite, il faut attendre une semaine après le "contact", donc lundi puisque dimanche c'est fermé.

Dans le même temps, je m'interroge: dois-je prévenir les gens que j'ai côtoyé cette semaine? Je préviens le boulot, on me suggère de poser la question à mon généraliste. Celui-ci me confirme les infos du labo: pas la peine de me faire tester tout de suite et pour les personnes qui ont été en contact avec moi... c'est à l'assurance maladie de s'en charger.

Je trouve ça stupide. Peut-être que c'est moi qui ai contaminé mes parents, à ce stade, impossible de le savoir. Donc me tester tout de suite, en plus de lundi, aurait sans doute été judicieux, pour moi. Ça aurait permis de gagner du temps et éventuellement de prévenir tout un tas de gens que j'aurais pu contaminer.

A quelques exceptions près, je suis bête et disciplinée donc j'obtempère. Et j'attends, sans sortir. C'est ennuyeux: mes poubelles sont pleines. Bête et disciplinée, je vous dis: elles attendront lundi matin que je sorte pour me faire tester. Je check mon frigo: les courses ont été faites jeudi. Niveau bouffe, avec quelques restrictions mineures, je peux tenir facilement huit jours. Niveau boissons, je risque de manquer d'Oasis et d'Orangina sur la fin.

Surtout, il faut que je sache où en sont mes parents. Je commence à avoir des images d'enterrements qui me viennent. Mon cerveau déroule les pires scénarios, il n'a rien d'autre à faire pour le moment. Alors, j'appelle. Ma mère décroche, elle a l'air d'aller plutôt pas mal et elle me le confirme. Pendant deux jours, elle a eu une grippe un peu désagréable, sans plus, mais c'est en train de passer. Étonnant. Pour moi, si elle l'attrapait, elle n'avait aucune chance. Je m'en réjouis donc particulièrement: pourvu que ça dure. Mais elle fait retomber mon moral tout de suite: mon père est totalement KO. Il ne mange plus, il reste alité toute la journée, dort 16 heures par jour, respire mal, a froid. Bref, une grippe bien carabinée. Une grippe qui ressemble à ce qu'on appelle depuis un an "une forme grave". Mais pour le moment, pas d'hôpital. Il se bagarre.

Je repense à La Haine: "Jusqu'ici, tout va bien. Le plus dur, ce n'est pas la chute, c'est l'atterrissage."

Et nous voilà donc samedi. Pour la deuxième fois, ce qui me pousse à me lever, c'est la perspective d'avoir reçu un message pendant mon sommeil. Je me dis que j'ai trop connu ça, dans ma vie, l'angoisse de l'appel fatidique. Avec ma grand-mère, en particulier, toutes les années avec Alzheimer.

Mon père m'a effectivement envoyé un texto qu'on peut résumer en deux mots: situation stable. Ça me rassure néanmoins qu'il ait eu l'énergie d'y penser et de le faire.

Ensuite, c'est l'assurance maladie qui m'a appelée, vers midi. La madame, qui semblait à la plage tant il y avait de vent, m'a posé plusieurs questions, et précisé encore un peu plus ce qu'on m'avait déjà dit la veille. J'ai tiqué sur ce même détail: elle m'a demandé si j'avais été isolée dès mon contact, et j'ai répondu que non, évidemment, je me suis isolée dès que j'ai su que j'étais "cas contact". Je m'attendais à ce qu'elle me demande avec qui j'ai été en contact... mais non. Au final, j'ai eu une attestation qui ne dit pas tout à fait la même chose qu'elle, mon toubib et le labo, mais globalement, ça reprend mon maigre programme des sept prochains jours. Et avec cette attestation, j'ai droit à 30 masques gratuits à la pharmacie. Youhou!

Après cette conversation, je traîne, avec un semblant de gueule de bois et puis je termine le boulot qu'il me restait à faire sur mon PC. Je regarde l'heure et je me dis que je vais encore devoir trouver des choses à faire. Pourquoi pas compter les carrés de balatum dans mon salon? Non, je vais me mettre sur Just Dance, ça me fera du bien. Et le reste de la semaine? J'ai un bouquin à relire, ça peut être parfait. Si ça ne tourne pas plus mal. J'en ai d'autres à lire, aussi. Ouais, ça va être ça, le programme: du sport, de la littérature et des coups de fil anxieux.

J'essaie d'appeler ma sœur, pour savoir comment les choses évoluent, et comment elle vit la situation, elle. Je crois que c'est la première fois qu'elle se retrouve aux manettes dans cette famille. La petite dernière. Jusque-là, elle se laissait plutôt guider par les aînés. Là, elle doit gérer seule le ménage, la bouffe et les grandes décisions. Parce que mon père est un boomer pour qui être à l'article de la mort n'est pas une raison suffisante pour appeler le médecin. Et ma mère n'est pas du genre à s'opposer à lui. Mais elle n'a pas répondu à mon appel, et n'a pas rappelé non plus.

Son rapport au téléphone est tellement différent du mien, et tellement plus sain.

Arrive le soir, et je décide d'écrire cet article, qui sera aussi un "journal d'isolement". J'y reviendrai quand j'aurai quelque chose d'intéressant à écrire. L'idée, c'est aussi de m'occuper de façon pas trop stupide, de fixer ces moments pourris à un autre endroit que ma mémoire, de rationaliser.

Je vous cache pas que pendant deux jours, j'ai eu des envies de meurtre à l'égard du type qui s'entête à maintenir un couvre-feu inutile plutôt que de nous confiner à la dure une bonne fois pour toutes, pour casser l'épidémie, et qui semble trouver acceptable de rester pendant trois mois entre 300 et 400 morts par jour.

Si par malheur, ce sinistre personnage de droite devait se retrouver au second tour de la prochaine élection présidentielle, c'est à lui que je ferai barrage. 

Et maintenant, je vais me finir devant Columbo.


Nous voilà lundi soir. Ce matin, je n'ai pu que constater mon angoisse pour les tests PCR, avec une nuit pire encore que les précédentes, mes intestins un peu tordus et une belle suée. Et pourtant... j'ai quasiment rien senti. J'ai aussi adoré la voix, les yeux et les mains de l'infirmière. Pour le reste, j'en sais rien, elle était déguisée en Barbapapa. C'est étrange cette attirance que je peux avoir pour les personnes qui s'adonnent à mes pires phobies.

J'en ai profité pour balancer mes poubelles dans les bacs idoines. Parce que je me soumets aux règles, mais là c'était abusé.

J'ai demandé des nouvelles, elles n'étaient pas terribles. Il a fallu appeler le médecin, qui a prescrit des compléments alimentaires. J'espère qu'il saura les avaler parce qu'effectivement quand tu es malade et diabétique, ne pas manger, c'est mauvais. "Jusqu'ici tout va bien". 

Ensuite, j'ai suivi mon programme habituel en cas d'isolement. La tête et les jambes, et aussi un peu de ménage.

Malgré la fatigue, j'ai pu réfléchir de façon constructive à mon bouquin. J'ai foiré la caractérisation de l'un de mes personnages principaux. Trop d'hésitations pour au final en faire un cliché cis et dégueulasse sur la transidentité. Un peu comme dans Le Silence des agneaux ou Psychose. Un sacré souci. Je pense avoir trouvé un moyen de contourner le problème, ajouter simplement un passage au début du roman pour préciser d'emblée sa dualité, et son malaise face à cette représentation. J'espère que ça fonctionnera, sinon c'est un coup à ce que ces quelques années de boulot terminent au fin fond de mon ordinateur. Avec bien d'autres, pour diverses raisons.

Bien sûr, j'ai aussi repéré un tas d'autres détails problématiques, nettement plus insignifiants. C'est impressionnant. Chaque fois je constate que la lecture sur écran et sur papier, ça n'a vraiment rien à voir.

Le ménage a aussi quelque chose de satisfaisant. Ça m'aide à me dire que j'ai fait quelque chose de ma journée, qu'elle a été productive. Et pourtant, nettoyer une friteuse, on fait plus agréable. Faut aimer le gras qui colle.

Enfin, Just Dance. De l'exercice physique, histoire de brûler les toxines, de se fatiguer physiquement, de se défouler. Une troisième source de satisfaction qui me fait presque oublier la situation méga tendue.

Pour le soir, rien d'inhabituel: grosse bouffe bien lourde, infos énervantes, frustrantes, déprimantes et puis The Punisher. Une série ultra violente, très américaine, un rapport ambiguë avec la peine de mort et les armes... Je n'ai pas trouvé de série comique qui me plaise, hormis Désenchantée, que je me réserve pour la fin de soirée, avant d'aller me coucher, et de continuer la lecture d'un thriller à l'histoire intéressante mais au style faiblard.

Prochaine étape pour moi: jeudi après-midi pour le deuxième test. Je vois pas trop comment il pourrait être positif, mais c'est la procédure. Normalement, je pourrai faire mes courses vendredi sans mécontenter les autorités, qui n'en sauraient de toute façon rien et qui ne pourraient de toute façon rien faire.

Et en attendant, j'espère que la situation à 25 kilomètres de chez moi va s'améliorer. Vraiment.

dimanche 28 février 2021

Ma méthode d'écriture: le plan pas trop détaillé mais quand même

 Une fois qu'on a l'idée, les choses commencent donc à se compliquer. Je pourrais établir un plan ultra-détaillé, comme ça, même avec des pauses de six mois, j'aurais toujours tout sous les yeux. Mais non, ça rend l'écriture bien trop pénible. Il faut laisser une part d'improvisation, sinon je m'arrête assez vite, faute d'envie.

Il y a donc un juste équilibre à trouver. Et je ne suis pas sûre que ce soit encore le cas.

Pour Les Métamorphoses, j'ai commencé par coucher un maximum d'idées sur papier: le concept de base, les personnages, les lieux... Ensuite, j'ai écrit le début et la fin, ce qui m'a forcée à réfléchir à comment relier les deux points et j'ai noirci mon brouillon avec tous ces nouveaux événements.

Ce qui m'a semblé le plus important, c'est la caractérisation des personnages. C'est ça qui va déterminer en grande partie l'histoire basée sur leurs interactions. Il faut être au clair à ce niveau dès le départ.

Bien sûr, je me suis gardée une marge de manoeuvre, mais l'important c'est de se tenir à ce qui a été établi, sinon... le récit part dans tous les sens. Donc au fil de l'écriture, les lieux et personnages se sont approfondis, ainsi que les événements.

Pour ce roman, je tenais à ce qu'il reste léger, je suis toujours au stade de l'expérimentation. La méthode mérite encore d'être affinée. Il reste donc toujours des défauts.

Prochaine étape: le matos. C'est très important.

samedi 27 février 2021

Ma méthode d'écriture: l'idée

 Quand on n'est pas rentier, qu'on doit bosser, s'occuper de son ménage, de sa petite vie, il est à peu près impossible de se consacrer à l'écriture de fictions au quotidien. Dans mon cas, il peut m'arriver de rester six mois sans écrire, pour diverses raisons. Ce qui pose évidemment un sérieux problème. Parce qu'après tout ce temps, je ne me souviens évidemment plus des détails. Pour bien faire, il faudrait que je reprenne à zéro.

De la même façon, écrire ne serait-ce que 200 pages et se rendre compte qu'il y a un problème de structure, qu'il faudrait tout réécrire depuis le début, c'est assez traumatisant. Si ça correspond à quelques semaines ou quelques mois, c'est gérable. Dans mon cas, ça se compte en années.

L'image de l'écrivain qui tape frénétiquement sur sa machine à écrire avant de jeter avec rage sa production ne me convient donc pas du tout.

J'ai besoin d'un plan sur lequel me reposer, d'une méthode qui me permette d'éviter de repartir à zéro, un support.


Mais d'abord, il y a l'idée. Ca ne se maîtrise pas. L'esprit vagabonde et paf elle vient, le coeur se met à battre, les nerfs à se tendre de façon agréable, on la développe, on la travaille, on la juge. Est-ce qu'elle vaut le coup?

Des idées, j'en ai énormément. Je doute de vivre assez longtemps pour toutes les mettre en forme. Là aujourd'hui, sans réfléchir, j'en ai quatre qui me viennent, qui sont à l'étude depuis plus ou moins longtemps. Il y a le projet de réécriture d'un roman que j'ai déjà terminé mais... qui est mal amené, faute de méthode efficace. Plus récemment, l'envie m'est venue d'écrire une comédie romantique entre une personne trans et une travailleuse du sexe, mais il faut que j'y réfléchisse longtemps. J'ai aussi dans les tuyaux depuis un moment un livre plus autobiographique sur mon parcours de transition, mais il est bien trop tôt. Le plus concret reste Les Chroniques de Douchain, qui nécessite encore un gros travail de préparation.

Souvent, je mêle mes idées, même si en apparence elles n'ont rien en commun. Surtout quand elles n'ont rien en commun. Il y a donc une phase de maturation qui est plus ou moins longue. Quand je finis par oublier une idée, c'est qu'elle était mauvaise, ou qu'elle a besoin d'être mélangée avec une autre idée, que je n'ai pas encore eue. Si elle commence à m'obséder et que j'ai des phrases toutes faites qui me viennent, c'est qu'elle est mûre.

Néanmoins, mûre, ça implique aussi un énorme travail. Toutes les idées qui me viennent sont géniales, forcément, mais... il n'est pas toujours simple voire possible de les mettre en oeuvre. Il faut les faire tenir sur la distance, c'est ce qu'il y a de plus compliqué. Une comédie romantique entre une personne trans et une travailleuse du sexe... c'est beau, ça intrigue, mais... il leur faut une histoire, une personnalité, des tics, trouver comment les rassembler, pourquoi, ne pas oublier les rebondissements... Un roman, une nouvelle, une pièce de théâtre, ce n'est pas juste une idée, mais des dizaines, des centaines, des milliers...

Et il faut trouver un chemin pour aller les chercher et les agencer correctement. Bien sûr, on peut se lancer, se faire confiance et découvrir les idées au fur et à mesure. C'est la méthode la plus agréable pour écrire, mais sauf pour des textes très courts, et encore, le résultat est rarement bon. On se perd, on s'éparpille, on se contredit... C'est le meilleur moyen pour se dire, après trois années d'écriture: "merde, il faut que je reprenne depuis le début, je suis trop partie dans tous les sens". L'autre problème, c'est que repartir depuis le début dans ces conditions, c'est nettement plus pénible.

D'où la nécessité de développer une méthode qui conserve au moins en partie le plaisir de la découverte et de l'invention, tout en évitant de devoir tout recommencer. Mais ce sera pour un prochain article.

dimanche 14 février 2021

Mon expérience du paranormal (2)



L'air de rien, le précédent article commençait à devenir long, alors j'en ouvre un second. Ce sera sans doute plus pratique à lire.

Et j'attaque avec mon passage préféré, sans conteste. J'ai probablement vécu le fantasme d'au moins deux générations. Au point qu'encore aujourd'hui... j'ai vraiment envie de croire que c'était réel, que ce n'était pas une illusion ou une hallucination. J'aimerais tellement pouvoir reproduire ce phénomène...

Pour poser le contexte, je me rapprochais de la puberté, qui a débuté à mes 15 ans, l'agression sexuelle que j'ai subie était forcément derrière moi à ce moment et... mes colères, fréquentes, faisaient clignoter les lampes. C'est du moins ce que je croyais. En réalité, j'imagine qu'il y avait de nombreuses baisses de tension dans la ville. N'empêche que j'ai déjà réussi à allumer une petite LED juste en la tenant entre mes doigts. Là, je reconnais que je n'ai pas d'explication, mais il doit bien y en avoir une.

Cela dit, ça pouvait être assez impressionnant. Je me souviens que mon cousin avait écarquillé les yeux, une fois, en me voyant faire. Mais ça, c'était rien du tout.

Le jour qui nous intéresse, on m'avait prêté une Super Nintendo, avec le tout premier jeu Dragon Ball Z, si mes souvenirs sont bons. Et à l'époque, les jeux vidéos et Dragon Ball Z... c'était l'essentiel des conversations chez les gamins de mon âge. Alors, j'en ai bien profité de ce prêt et j'y jouais de façon frénétique. Je me débrouillais vachement bien.

Mais au niveau le plus compliqué, impossible de vaincre C-16. Malgré mon habileté, malgré tous mes efforts, il contrait toutes mes attaques et finissait toujours par m'envoyer au tapis, quel que soit le personnage que je pouvais prendre. Je me suis acharnée, j'étais ultra concentrée, consciente que la moindre erreur me serait fatale, mais non, impossible. Comme je l'ai dit, j'avais quelques problèmes pour maîtriser mes nerfs. Alors j'ai soudainement piqué une crise, de rage, de frustration. J'ai jeté la manette avec violence et je me suis agenouillée devant la télé. J'avais fermé les yeux et contracté tous mes muscles pour retourner ma fureur contre moi-même, d'une certaine façon.

Et puis, brusquement, je me suis sentie totalement apaisée. J'ai ouvert les yeux: autour de moi, il y avait de petites formes lumineuses qui tournaient, lentement, comme une aura d'énergie. Et moi j'étais là, éberluée, je n'y croyais pas, et pourtant, j'ai pu suivre le mouvement de ces formes pendant quelques secondes, avant qu'elles ne disparaissent.

Evidemment, c'est arrivé alors que je jouais à Dragon Ball, seule. Sacrée coïncidence. Une hallucination liée à la crise de nerfs, sans doute. Mais voilà. Depuis, je peux pas m'empêcher de penser que les auras, les auréoles, Dragon Ball et les Chevaliers du zodiaque, ça doit bien se baser sur un fond de réalité. Je me dis que si j'ai réussi une fois, pourquoi je n'y arriverai pas de nouveau, un jour, lorsque les circonstances le permettront, ou l'exigeront.

Je rêve, je fantasme... Mais ça ne s'est jamais reproduit. Et à part me calmer, pas sûre que ça pourrait servir à autre chose, si c'était bien réel. Et les baisses de tension se sont largement raréfiées.

A ce stade, il me semble nécessaire de faire un nouveau point de contexte et d'introduire ma tante (en tout bien, tout honneur). Niveau paranormal, nous étions globalement sur la même longueur d'ondes, elle et moi. D'après ce qu'elle m'avait raconté, sa maison était hantée. Ses jeunes enfants lui avaient dit qu'ils jouaient régulièrement avec un troisième, à l'étage. Une fois, en rentrant des courses, alors que la maison était vide, elle a entendu des pas gravir précipitamment les marches de son escalier. Son mari, alors qu'il s'était levé pour aller aux toilettes, a senti une main sur son épaule. Et enfin, des appareils électriques débranchés se mettaient à fonctionner. Ambiance. Et mensonges destinés à se moquer du pré-ado que j'étais encore? Ou, là aussi, mauvaises interprétations? Qui sait?

Toujours est-il qu'elle a eu le malheur de m'apprendre à tirer les cartes. Outre que je suis toujours censée rencontrer une jeune blonde avec laquelle je dois finir ma vie, j'étais très douée. Chaque fois que j'ai prédit un décès, ça n'a pas manqué, mais j'y reviendrai. J'étais tellement douée (la prédiction sur la jeune blonde, c'était ma tante, en vrai) qu'une fois j'ai tiré les cartes à la soeur d'un ami et qu'à la fin, quand j'ai vu sa déception, je lui ai expliqué que l'idéal aurait été qu'elle retourne l'arcane XXI, "Le Monde"... tout en retournant cette carte, avec assurance, au milieu d'une dizaine d'autres. La soeur m'a regardée avec les yeux écarquillés. C'est ce qui m'a fait comprendre que ce n'était pas très "normal", sauf pour une médium douée bien sûr. Gros coup de bol, bien sûr.

Mais ce n'est pas l'événement le plus marquant.

Pour me faire plaisir, ma tante m'a emmenée chez une de ses amies, medium réputée, sans doute parce qu'elle commençait à me croire quand je lui disais que je me sentais "maudite". Elle n'a pas été déçue. J'ai tiré les cartes et la médium s'est mise à pleurer. Il paraît qu'elle n'avait jamais vu un tirage aussi mauvais et que j'étais effectivement maudite. Le diable en avait après moi, pour une raison inconnue. Elle semblait vraiment très triste, surtout que j'étais bien jeune pour me retrouver dans une telle situation.

Quand on est sorties de là, ma tante a eu besoin de s'appuyer contre un mur pendant quelques minutes. Elle n'avait jamais vue son amie dans un tel état et elle avait pris conscience de l'horreur que je vivais.

La médium m'avait "prescrit" une neuvaine, à base de prières à heures régulières, qu'elle devait faire en même temps que moi. Par téléphone, elle m'expliquait que chaque fois on lui faisait payer sévère ses tentatives pour me sauver du démon. Mais ça n'a pas fonctionné.

Je vous laisse un peu imaginer l'effet que peut produire ce genre d'événements sur l'enfant que j'étais toujours.



Me voilà au lycée. Je voulais partir en filière littéraire, mais mon père a fait en sorte que je fasse de l'économie. Je me suis donc retrouvée dans l'un des pires lycées de la région, et ma puberté n'avait pas encore commencé. J'ai haï mon père pour ce sale tour. J'avais espéré que le harcèlement que je subissais s'arrêterait, c'était exactement l'inverse. Bienvenue en enfer.

Vous savez le pire? C'est que je n'ai pas vraiment étudié ces fameuses sciences économiques et sociales. La prof a été en arrêt maladie pour dépression à peu près toute l'année, sans remplaçant. Le reste du temps, elle se faisait insulter, menacer et des chaises volaient pendant ses cours. Elle faisait semblant de s'en foutre. Moi aussi. Elle et moi, on était les faibles sur lesquels on pouvait s'essuyer les pompes, histoire de passer pour quelqu'un de moins faible que nous.

Tout cela a évidemment renforcé le sentiment que j'étais "maudite". Comme si une entité démoniaque s'acharnait sur moi.

Néanmoins, je n'ai aucun souvenir d'événements paranormaux au cours de ma première seconde. Hormis que je tirais les cartes et que j'ai prédit mon premier mort: un copain que j'avais connu au collège. On s'était perdus de vue. C'était un type vraiment bien.

Puis, j'ai redoublé ma seconde. Forcément. Ma puberté a commencé et j'ai estimé nécessaire de muscler mon jeu, de me viriliser. Dans une certaine mesure. Parce que le problème, c'est qu'avec la puberté, s'est présentée un nouveau problème: ma transidentité. Nous étions en 1995, personne n'en parlait sauf pour se moquer, montrer du doigt, mépriser... Personne.

Alors j'ai interprété ça avec ma propre logique. J'étais possédée par un esprit féminin qui se manifestait de temps en temps, qui m'empêchait d'être totalement viril, qui me poussait à détester tout ce qu'il y avait de masculin chez moi, qui m'empêchait, évidemment, d'approcher les filles qui me plaisaient, qui me tourmentaient en permanence et me donnait des idées bizarres. C'était tellement plus acceptable que d'être... trans?!

L'idée était déjà dans ma tête depuis quelques temps, mais ça n'avait fait que s'accroître jusqu'à assez récemment.

Je vous laisse imaginer le conflit interne: d'un côté la puberté et la nécessité faisaient de moi un homme, et en même temps... Et tout ça dans une filière littéraire, cette fois. Mon père a cédé. Donc un univers de plus en plus féminin.

C'est aussi à cette période que j'ai découvert la clope, l'alcool et le cannabis. Sale cocktail, non?


A vrai dire, j'ai peu de souvenirs "paranormaux" sur la période du lycée. Il y avait la cartomancie, quelques coïncidences et c'est à peu près tout. J'étais néanmoins persuadée d'être "le fils du diable". Un grand classique de l'adolescence, j'imagine. Surtout quand on a un père... imparfait, et diabolisé. Logique. Le truc rigolo, c'est que j'avais une... forme sur le visage: un rond avec trois queues. Comme un 666 stylisé, en somme. J'ignorais ce qu'était une paréidolie à ce moment, bien sûr. J'étais mal dans ma peau, je ne comprenais pas ma dysphorie, je ne me sentais à ma place nulle part.
Et puis, il y avait ces cauchemars qui commençaient à s'amplifier. Des scènes ténébreuses, envahies de serpents, d'araignées, de sorcières, de monstres... Mémoire traumatique, mais ça je n'en savais rien. J'avais oublié l'agression que j'avais subie. Le souvenir ne reviendrait qu'en 2005.
Par contre, dans mes tirages de cartes, la mort revenait souvent. Celle d'un jeune homme, brun...
J'avais deux groupes d'amis ces années-là. L'un d'eux les avait surnommés "Les Sans avenirs" et "Les Galériens". Ambiance. Jusqu'aux années 2000, je traînais plus avec Les Galériens, une bande de prolos rigolos où je passais pour l'intello.
Parmi eux, il y avait un jeune type beau, sportif, pompier, courageux qui nous tirait tous vers le haut, quitte à ce que ce soit par la peau du dos. Un modèle. Il buvait pas, il fumait pas, il se droguait pas et il était tout sauf chiant. Sa mère était la bonté incarnée, elle riait toujours et nous accueillait chez elle, dans son garage à longueur d'année. C'était un peu notre repère. J'avais peut-être des sentiments pour sa soeur, aussi. Mais j'étais trop nouille pour tenter ma chance.
Mais voilà, il était jeune, il était brun et, d'une certaine façon, ses qualités l'ont tué.
Nous étions fin janvier 1999. Il gelait à pierre fendre. J'étais avec deux potes, devant chez moi quand il est passé avec sa belle voiture toute neuve. Il venait de se trouver un boulot qui payait bien en Belgique qui lui avait permis, en prime, de s'acheter une maison qu'il retapait, avec sa copine. Il était avec elle, sa soeur et quelques potes, répartis dans deux voitures. Ils allaient en Hollande, j'ai décliné l'invitation.
Sur l'autoroute, l'autre voiture a glissé, a percuté la rambarde et a crevé avant de s'immobiliser sur la voie de gauche. En bon pompier, il a réussi à garder le contrôle de son véhicule et à se garer un peu plus loin, sur la bande d'arrêt d'urgence. Il est sorti pour aller porter secours à ses amis. Une voiture l'a fauché dès sa sortie.
Il a mis plusieurs semaines avant de mourir. Avant ça, il a eu le temps d'annoncer que sa copine était enceinte. Je ne croyais pas qu'il pouvait mourir. Je n'y croyais pas. Pas lui. Pas à cet âge. Je pensais qu'il s'en tirerait, qu'il serait handicapé, peut-être... Quand ma mère m'a annoncé sa mort: j'ai répété en boucle ce simple mot: "non".
J'ai lâché mes études pour me retrouver avec la bande, la famille. Mon père n'a pas du tout apprécié et j'ai dû me dresser face à lui, mais c'est une autre histoire.
Par contre, peu après sa mort, alors que j'étais chez mes parents. Je me suis levée pour regarder un film, pendant que mes parents étaient couchés. En passant à côté d'une horloge, son "tic tac" est soudainement devenu beaucoup plus fort. J'ai senti qu'il se passait quelque chose, mais j'ai poursuivi ma route. Je suis passée à côté de la cheminée, éteinte, mais remplie de bûches. Alors que je passais à côté, le feu s'est allumé, seul et il a flambé comme si d'énormes poumons lui soufflaient dessus en permanence.
Je suis restée longtemps sur le canapé, à regarder ce feu, sans comprendre, sans savoir ce que je devais ressentir. La télé fonctionnait, sans public.

A partir de là, j'ai commencé à sérieusement dérailler. Et les cauchemars sont devenus quotidiens, et totalement insoutenables.


Je n'ai pas déraillé tout de suite. Pendant à peu près un an, j'étais en mode "combat". J'ai même voulu entrer dans l'armée. J'ai passé les tests. Niveau cerveau, je pouvais intégrer Saint-Cyr, j'avais la force de caractère, l'intelligence et bientôt le diplôme pour. Niveau physique... Il valait mieux que je poursuive mes études de lettres.
Dans le même temps, ma mère m'a suggéré de me barrer du domicile familial, parce qu'elle estimait que les tensions entre mon père et moi étaient trop fortes. Peut-être aussi pour d'autres raisons moins avouables. Alors, je l'ai fait. J'ai trouvé refuge là où je m'étais toujours sentie protégée, bien: la maison de ma grand-mère. Sauf qu'elle était en EHPAD, que son ancien domicile n'était plus qu'une ruine insalubre et que mon oncle, qui y vivait toujours, était désespéré. 
J'ai pris ça comme une sorte de challenge. Dans ma tête, j'étais un militaire, en pleine guerre, qui devait dormir dans une piaule avec la fenêtre cassée par moins 10, au milieu des champignons, sans eau chaude, dans une poussière qui refusait de partir. Mais au bout d'un moment, même un mental propice à passer Saint-Cyr finit par flancher.
Sans trop m'en rendre compte, j'ai augmenté ma consommation de clopes, et de cannabis. Mes cauchemars se sont largement amplifiés. Alors l'idée qu'une entité occulte voulait me détruire s'est aussi imposée. Parmi mes amis, c'était la décadence. La disparition du modèle ne pouvait pas avoir de bons effets. A partir de là, il était simple de me démolir. Il suffisait de me faire revenir dans mon refuge, ma bulle et de le transformer en enfer. J'avais déjà perdu ma grand-mère avec Alzheimer, avec mes parents, c'était plus que conflictuel. Il restait mon oncle, que j'aimais comme un père.
Une femme dénommée Carmen l'a retourné contre moi. Traduction de Carmen: "sorcière". Comme dans mes cauchemars. C'était une mythomane, mais il faut du temps pour s'en rendre compte. Je crois que mon oncle doit toujours croire à ses inventions, même 20 ans après. En tout cas, autant que je sache, ils sont toujours mariés. Et moi, je suis l'ennemie. Parce que j'étais proche de découvrir la vérité, que je n'aurais pas manqué de dévoiler à mon oncle.
Ca a été le coup de grâce. J'ai dû revenir chez mes parents, malgré les tensions. Et je me suis effondrée, mentalement, à partir d'août 2000. Ce n'est pas complètement terminé. Je suis simplement stabilisée.
Pendant plusieurs années, j'ai tenu un journal intime, dans lequel j'ai écrit des passages qui aujourd'hui me terrifient. Où je parle de possession, de démons, de malédictions... Mes émotions partaient dans tous les sens et m'ont fait perdre toute lucidité. J'ai fini par devenir hyper rationnelle. J'ai chassé le paranormal de ma vie, pour ne pas finir en hôpital psychiatrique. C'était le but de mon journal intime: rationaliser, chercher des explications, des solutions logiques à mes problèmes.
J'ai beaucoup trop souffert à cause de toutes ces histoires. Beaucoup trop.

Néanmoins, j'essaie de les exploiter dans le cadre de mes fictions. Elles continuent à nourrir mon imaginaire, et je sens bien qu'elles sont prêtes à ressortir, si jamais la vie me fait de nouveau perdre les pédales. Parce qu'elle est tout de même très séduisante, cette façon d'interpréter l'univers, non?




[Je remplirai cet article au fur et à mesure, quand l'envie me prendra. Et il y a quand même pas mal d'épisodes.]

samedi 30 janvier 2021

Mon expérience du paranormal

 Ce n'est pas un hasard si j'écris surtout du fantastique. Dès la petite enfance, j'ai été confrontée à des phénomènes étranges. Aujourd'hui, je pense que tout est question d'interprétation. Comme j'ai été principalement élevée par ma grand-mère, fervente catholique dont chaque pièce de sa demeure était ornée d'au moins un crucifix, j'ai forcément été orientée vers l'interprétation paranormale. J'imagine qu'il devait aussi y avoir des critères psychologiques. C'était peut-être une façon pour me rendre intéressante. En tout cas, jusqu'en 2005 approximativement, je me suis enfermée dedans.


Vous allez comprendre avec le premier épisode, qui a eu lieu... alors que je n'étais qu'un bébé. C'est ma grand-mère qui me l'a raconté, alors que j'étais ado. Selon elle, j'étais tombée très gravement malade. Et comme elle était seule avec moi, sans téléphone, et que ma fièvre ne cessait de monter, elle a agi en bonne chrétienne. "Un enfant qui meurt sans être baptisé va en enfer", m'a-t-elle dit plus de 15 ans après. Alors, comme elle avait de l'eau bénite et un certain savoir-faire, elle m'a baptisée. Et selon elle, quand elle a fini, j'ai arrêté de crier et ma fièvre est tombée.

Ma grand-mère était tout pour moi, c'était Dieu. Et pourtant, je dois dire que j'ai tout de suite eu quelques doutes sur cette belle histoire. Mais elle peut expliquer ma perception du monde pendant toutes ces années. Elle était l'autorité suprême pour moi.


Pour le deuxième événement, je devais avoir entre trois et quatre ans. J'ai découvert plus de 20 ans après qu'il s'agit d'un grand classique. Une sorte de terreur nocturne, sauf que la plupart des autres enfants l'oublient. Moi, je m'en souviens comme si c'était hier. Il faut dire qu'à force de la raconter...

C'était la nuit. Je dormais. Et puis, je me suis réveillée, dans mon petit lit à barreaux. Sur ma gauche, il y avait... une image qui n'avait rien à faire là. J'y voyais mes parents, ainsi que mon autre grand-mère, sur le canapé de la maison devant la vieille télé en noir et blanc, qui diffusait Spectreman. Me demandez pas pourquoi, j'imagine que ça devait être une scène ordinaire chez moi.

Ensuite, l'image a disparu, mais la porte s'est ouverte, face à moi, avec une lumière étrange qui provenait du couloir. Une ombre immense s'est alors immiscée dans ma chambre pour se planter devant moi, avec ses yeux rouges. J'étais tétanisée par la peur, impossible de réagir. Au bout de ce qui m'a semblé une éternité, l'ombre a bougé et, dans un bruit strident qui accompagnait le mouvement, ma couverture s'est retroussée à mes pieds avant de se remettre à leur place.

Alors, tout a disparu, comme s'il ne s'était rien passé. Je me suis retrouvée dans le noir, sauf que j'ai fait comme un malaise, avec des couleurs psychédéliques devant les yeux, pendant une seconde. Là, j'ai hurlé aussi fort que je pouvais. Ma mère est arrivée, très énervée. Elle a pesté que je la réveille en pleine nuit, a allumé la lumière de ma chambre et est repartie se coucher.

Il m'a fallu de nombreuses années avant de pouvoir de nouveau dormir sans un minimum de lumière.


Par la suite... une coïncidence, qui n'en était pas du tout une pour moi. Au moment exact où ma mère accouchait de ma soeur, j'avais dix ans et... j'avais surtout extrêmement mal au ventre. J'ai longtemps été persuadée qu'il existait un lien entre mes proches et moi. Lien qui me permettait de sentir quand elles allaient vraiment mal. Longtemps après, quand ma grand-mère a fait son AVC, alors que j'étais ado, j'étais dans le bus pour aller la voir. Comme si je l'avais senti. Trouver sa maison vide a été extrêmement pénible pour moi. Savoir ce qui lui était arrivé et surtout les conséquences, a été un véritable traumatisme, suivi d'un long chemin de croix. 

Mais c'est une autre histoire.


Il s'est écoulé plusieurs années avant d'arriver à la grande période paranormale de mon existence. Comme je n'arrive pas à dater avec précision, je ne sais pas si mon agression a eu lieu avant ou pendant ces événements. Il m'arrive de penser qu'il y a un lien entre les deux, mais on ne pourra sans doute jamais le déterminer. Je ne suis plus très sûre non plus de la chronologie mais ça n'a pas vraiment d'importance.

Il y avait cette nuit où je dormais avec mon chat. Un moment, il s'est réveillé, est descendu du lit. Comme il y avait toujours au moins un rai de lumière dans ma chambre, j'ai vu sa fourrure blanche se poser au beau milieu du parquet et se tourner vers la fenêtre. Là, j'ai vu une forme bleu pastel apparaître juste devant lui et se tordre, comme si elle se baissait pour le caresser. Et là, j'ai entendu ma douce bestiole... ronronner. La forme s'est redressée, mon chat a fait quelques pas vers la porte, s'est arrêtée et la même scène s'est produite de nouveau, avant qu'il ne quitte la pièce et que la forme ne disparaisse.

Ai-je vraiment vu cette forme? Est-ce que mon jeune cerveau ne l'a pas ajoutée pour rendre cette scène anodine d'un chat qui ronronne tout seul plus cohérente avec mon univers? Sans doute que si.

Il me semble important de préciser qu'à l'époque, quand je racontais ces épisodes à mes amis et camarades, les réactions étaient très mitigées. Certains y croyaient et se passionnaient, d'autres se foutaient de moi, me rabaissaient. J'avais le sentiment que c'était 50-50.

Et je pense que j'ai démarré une sorte de cercle vicieux. Il fallait multiplier les histoires pour donner du corps et donc du crédit à mon récit général. A force, on finirait bien par arrêter de se moquer de moi, non? Hé bien non. Mais je ne le savais pas encore à mon jeune âge.

Cela dit, je n'ai jamais menti et je n'en ai même jamais rajouté. Du moins, pas consciemment.


Avec le recul, je me dis que cet épisode est ridicule, mais... sur le moment, j'ai été véritablement terrifiée. Comme la plupart du temps, c'était la nuit, et j'étais dans mon lit. Je ne parvenais pas à trouver le sommeil. J'avais ce truc, souvent quand je commençais à m'endormir. J'entendais une voix, très faible, comme un murmure. Impossible de comprendre les paroles. Alors, je tendais l'oreille pour mieux entendre. Et d'un coup, la voix change, devient un hurlement, terrifiant et j'ai ce sentiment de violence extrême. Forcément, pour dormir, ça n'aide pas. Ca m'arrivait assez régulièrement et c'est peut-être ce qui m'a tenue éveillée cette nuit-là.

Et puis, subitement, j'ai eu froid, très froid. J'étais frigorifiée, d'un coup sans raison, malgré la couette. Le chauffage, électrique, chez mes parents, fonctionnait avec des capteurs qui permettaient de réguler la température via le thermostat. Rien de bien original. Et les radiateurs claquaient quand ils fonctionnaient. Cette nuit-là, mon radiateur s'est mis à claquer, encore et encore et encore... Dans mon jeune esprit, il se passait quelque chose de totalement anormal. Je me suis réfugiée sous ma couette, recroquevillée et j'ai attendu. Je tremblais, de froid, de trouille. J'étais dans le noir. Mon imagination me montrait le diable et les pires monstres qui s'intéressaient à moi depuis mon enfance.

Je crois que j'ai fini par prendre mon courage à deux mains pour me réfugier dans le lit de mes parents, qui m'ont accueillie... très froidement. Jamais ils ne m'ont prise au sérieux. S'ils m'avaient au moins écoutée, rassurée... Peut-être que c'est finalement ce que je cherchais, inconsciemment.


J'ai eu plusieurs chats, avant de devenir allergique. Parce qu'ils avaient tendance à disparaître de façon... très prématurée. Probablement un voisin sadique qui les détestait.

Ce chat-là avait un caractère très indépendant et il supportait assez mal qu'on le touche. Pas le compagnon idéal pour une collégienne.

Comme pour le précédent, la scène se déroule en pleine nuit. Il dormait lui aussi avec moi et il s'est réveillé pour se mettre, là encore, au centre de la pièce. Non sans avoir feulé en direction de la fenêtre. J'avais senti, moi aussi, une présence inquiétante de ce côté. Posé sur le sol, il a feulé une seconde fois alors qu'une sorte d'éclair a éclairé le tour de mes volets en bois. Pour finir, il a filé à toute vitesse en passant par ma porte, toujours entrouverte, pour me rassurer.

Je ne l'étais pas du tout, à ce moment.

Petit interlude. Autant j'ai vécu une enfance plutôt sympa, autant les années 90 ont été un véritable cauchemar pour moi. C'est à cette époque que j'ai commencé à noter que le chiffre 9 avait une influence extrêmement négative sur ma vie. Mon chiffre porte-malheur.

Pour le coup, j'ai beau être nettement plus rationnelle aujourd'hui, je ne peux que constater qu'effectivement, tous les 10 ans, je déguste sévère, avec un climax en 1999. J'essaie de ne pas trop y prêter attention, je me dis qu'il doit y avoir une part de prédictions auto-réalisatrices, un biais de confirmation... N'empêche que 2020 a été pourrie, mais bien moins que 2019. 2009 a aussi été une date charnière dans ma vie. Mais oui, 1999... J'y viendrai en temps utile. Bien avant ça, il y a eu l'aura de lumière, la divination, les courants électriques, les cauchemars...


Le virus d'Eris

 Cette saloperie me fascine. Parce qu'elle est absolument parfaite. Si ce virus avait été un peu plus mortel, il n'y aurait pas débat. Personne ne prendrait le risque de s'y exposer. Je pense même qu'on en aurait terminé très rapidement, avec des mesures hyper radicales qui auraient été sans souci. Et s'il avait été moins mortel, il n'y aurait pas eu de débat non plus. La mortalité aurait un peu augmenté et on s'en serait à peine rendu compte.

Là, le dosage est juste parfait entre mortalité et contagiosité. Parfait pour tuer un maximum de personnes, tout en semant la discorde entre chacun de nous. Les "non essentiels" contre les autres, les jeunes contre les vieux. Il arrive même à nous diviser sur son genre: le ou la covid? 

On lui développe une série de vaccins? Il mute pour augmenter sa contagiosité et accentuer la pression sur nous. Résultat: il faut reconfiner. Sauf que la population se partage entre ceux qui préfèrent encore vivre avec ce virus et ceux qui peuvent encore accepter des restrictions de liberté. Dans certains pays, on commence à se taper dessus, comme aux Pays-bas. Et ce n'est pas fini, loin de là.

L'homme a tendance à faire la guerre pour le moindre prétexte, alors là, avec toutes ces tensions, la crise économique, la crise sanitaire... Je plains d'autant plus les pays qui ont des ressources et pas d'armes nucléaires. 

Comme je m'intéresse aux mythologies, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la pomme qu'Eris a lancé pour semer la discorde entre les autres déesses. Ce qui a provoqué la guerre de Troie. Ce virus semble avoir été créé par cette déesse.

En ce qui me concerne, j'essaie de faire preuve de tolérance avec mes semblables, dont nos dirigeants. Je peux comprendre que les gens que je croise dans la rue ou dans un commerce soient tendus. Quant à nos dirigeants, ils sont contraints de faire des choix impossibles entre la santé et l'économie. Quoi qu'ils fassent, ou pas, il y aura des morts, des tragédies. 

Cela dit, les bobards sur les masques, et le fiasco vaccinal... C'est pas tolérable. Faut pas déconner non plus. 

mardi 26 janvier 2021

"On ne peut plus rien dire"

 Suite à un dessin stupide qui fait des amalgames dégueulasses, le débat est revenu sur le tapis. La liberté d'expression, Charlie, les réseaux sociaux... Défendre l'amalgame dégueulasse par l'amalgame dégueulasse. Certains ont quand même osé lancer des "Je suis Xavier", comme s'il s'était pris une balle dans la tête, comme s'il avait été décapité, comme si ses proches étaient en deuil. L'indécence totale. Il a simplement démissionné parce que Le Monde a donné raison aux personnes qui ont critiqué ce dessin sur les réseaux sociaux. Au nom de la liberté d'expression il faudrait donc... restreindre la liberté d'expression? La stupidité poussée à son paroxysme. 

En réalité, encore une fois, c'est une petite caste qui s'indigne de ne plus être totalement intouchables. Cf Polanski.

Oui, il y a un sacré boulot à faire pour que la loi soit respectée sur les réseaux sociaux. Effectivement, Twitter est une foire d'empoigne désespérante. Mais dans ce cas précis ce n'est pas le sujet, comme pour Elie Semoun qui est venu chouiner parce que sa vanne tout droit sortie des années 90 n'est pas passée non plus. Pauvre biquet qui m'a effectivement fait hurler de rire il y a 20 ans, mais qui a raté le virage sociologique des années 2000. Oui, les moeurs évoluent, vite, depuis quelques années. Et c'est heureux, sauf que beaucoup n'arrivent pas à s'adapter, et se le font rappeler systématiquement. Alors ils se font passer pour des victimes de pratiques fascistes. Doit-on rappeler que même Dieudonné n'a, à ma connaissance, pas passé une journée en prison? Que Gorce a quitté Le Monde parce qu'il avait probablement déjà trouvé mieux avant même de publier ce dessin foireux et que personne ne l'empêche de se faire passer pour une victime, ce qu'il fait non seulement sur ces foutus réseaux sociaux, mais aussi dans divers médias. Le gars fait son petit caprice, on lui tend les micros pendant que la caste le mouche et le plaint. Il est peut-être là, le vrai problème, non?

Si les personnes trans ont critiqué son dessin (ce qui est un droit absolu) c'est parce qu'à cause de ce genre d'amalgames, on les pousse au suicide ou on les tue. Mais ça, la caste s'en fout. L'important, c'est que Gorce n'a pas été pleinement soutenu par un journal qui est parfaitement libre de faire ce qu'il veut. Ca c'est dramatique, ça, ça mérite d'être abordé, débattu sur les plateaux télés. L'inceste? Oui, ok, c'est vrai, on peut aussi en parler. Mais quand même, qu'est-ce que c'est que ces gueux qui viennent donner leur avis? Insupportable dérive sociétale.

La vérité, c'est que les réseaux sociaux jouent le rôle du courrier des lecteurs. Ca a toujours existé mais aujourd'hui, ça prend une autre dimension. Les délinquants, les criminels, les fascistes peuvent s'exprimer, mais aussi les minorités, tous ceux qui subissaient et n'avaient d'autre choix que de la fermer. #metoo aurait-il été possible sans Twitter, sans ce pseudonymat que d'aucuns tentent de diaboliser?

Non, bien sûr, mais ce qui importe c'est le nombril de ces importants, et pas les états d'âme de la populace.

Méfiez vous, quand même, les gars: vous êtes importants, tant que vos copains vous donnent de l'importance, mais nous, on est nombreux.

mercredi 13 janvier 2021

Pourquoi je n'avance plus?

 J'en suis, depuis quelques mois, au stade de la relecture pour Les Métamorphoses. Plus précisément, j'en suis aux répétitions. Et j'ai merdé. J'aurais dû m'occuper de ça à chaque fin de chapitre. Parce que là, c'est long et déprimant. Pas particulièrement compliqué, mais fastidieux. Donc je ne me précipite pas.

D'autant que l'époque n'est pas aux loisirs et à la détente. Je continue à grossir, parce que je bouffe. Je bouffe parce que ça me procure du plaisir, et que j'en ai encore moins que d'habitude, du plaisir. Alors m'infliger des tâches fastidieuses supplémentaires... Je préfère bouffer et... essayer de perdre mes calories sur Just Dance, parce que c'est aussi une source de plaisir.

Ce qui est étrange, c'est que même niveau lecture, j'ai ralenti. Mais j'imagine que c'est surtout parce que Pour qui sonne le glas, c'est écrit trop petit pour mes yeux de quadra et que c'est pas conçu pour être palpitant. Idem pour L'heure des fous, de Nicolas Lebel. C'est pas inintéressant, mais sans plus.

Bref, je n'avance plus des masses. Foutu virus.

Néanmoins, je continue à réfléchir à mon prochain bouquin. Ce sera Les Chroniques de Douchain/Hypervigilance. Je vais reprendre la ville maudite où se déroule Les Métamorphoses pour y installer une galerie de personnages traumatisés et/ou traumatisants, englués entre eux, qui essaient d'en sortir comme ils peuvent, quitte à enfoncer les autres. Il va falloir que je creuse encore tout ça avant de me lancer. Mais tout est prêt.

Il faut juste que je change un peu mes habitudes, une fois que la situation sera à la fois moins restrictive et anxiogène. Vivement.