mercredi 10 mars 2021

Ma méthode d'écriture: mes brouillons, notes, remarques, carte...

 Et pour terminer, je pense que le mieux est de vous montrer mon bazar. Il y a les notes générales que je mets à jour au fur et à mesure de mes expériences, les idées que je note plus ou moins en vrac avant de commencer l'écriture et puis les innombrables notes et remarques que je me fais en cours d'écriture, de correction, de relecture... Et une carte, aussi, puisqu'il s'agit d'une ville fictive.









Bien sûr, ce n'est qu'un petit aperçu, je ne pouvais pas tout mettre. Mais je pense que ça donne une très bonne idée de ma façon de procéder, qui va encore forcément évoluer.

samedi 6 mars 2021

Ma méthode d'écriture: le matériel

 La machine à écrire, c'est classe, élégant, voire glamour, mais il faudrait être sacrément masochiste pour utiliser ce genre d'engin en 2021 pour taper de longs textes.

Comme tout le monde, j'imagine, j'ai commencé avec un simple traitement de texte. C'est la base, c'est incontournable. Pour ce qui est de la mise en page et du format, LibreOffice est aussi gratuit que parfait. De plus en plus de maisons d'éditions acceptent les envois numériques donc même si ce n'est plus mon outil principal, il m'en faut un, avec lequel en général je commence et je finis l'écriture.

Par contre, pour le gros du travail, j'utilise WriteControl.fr, un traitement de texte en ligne, conçu pour les écrivains. L'outil est perfectible. Sans connexion... dommage, et si elle est mauvaise, on peut faire une crise de nerfs. Mais on peut facilement chapitrer, ajouter des notes et surtout... on peut créer des fiches personnages. Et ça, c'est que du bonheur, quand on peut rester plusieurs mois sans écrire. Si on les remplit correctement, on a toujours tous les détails sous les yeux. On peut même y ajouter une photo. Pour Les Métamorphoses, chacun de mes personnages a été physiquement inspiré par une personne bien réelle. Donc avoir la photo sous les yeux en permanence pendant la rédaction, c'est plus que pratique. Ça évite les contradictions, parfait pour la cohérence.

Je conseille néanmoins de transférer le texte et le sauvegarder sur LibreOffice régulièrement, et sur un cloud. Je n'ai jamais eu de souci jusqu'à présent, mais il vaut toujours mieux prendre ses précautions.

Le dernier outil qui m'est indispensable, c'est Antidote. Il s'agit d'un correcteur particulièrement bien conçu et performant. En plus de la syntaxe, il s'occupe aussi des répétitions et par expérience, je conseille de vérifier ces dernières très régulièrement, dès le début. Parce que se casser la tête sur les répétitions quand on a écrit plusieurs centaines de pages, je peux vous dire que c'est déprimant. Pour la syntaxe, j'étais assez fière, mais... il faut croire que j'ai des tics d'écriture assez gênants. Et ce logiciel n'est pas programmé pour ménager mon petit ego. Tant mieux.

Je suis "cas contact" et donc isolée

A priori, on se rapproche de la fin de cette pandémie, même si le virus semble s'être lancé dans un baroud d'honneur. Et c'est à ce moment que mes parents ont fini par être infectés.

Je suis allée les voir dimanche, une petite heure, alors que ça faisait un mois et demi, deux mois que j'évitais, pour diverses raisons, mais surtout réduire les risques. Je suis la personne la plus exposée de ma famille et mes parents sont particulièrement vulnérables. Comme d'habitude: masque, gel avant d'entrer et distance. Ils étaient frustrés que je ne sois pas venue plus tôt et que le couvre-feu m'ait empêché de rester plus longtemps. Je leur ai répondu qu'au moins j'étais venue et que c'était déjà pas mal.

Ils allaient bien, je n'ai pas noté de symptômes.

Ensuite, je suis rentrée chez moi, et j'ai continué à mener ma petite vie, avec le boulot "en présentiel", la livraison de mon frigo pour remplacer celui en panne, l'entretien de ma chaudière, l'orthophoniste... Chaque fois, comme toujours, j'ai pris un maximum de précautions.

Jeudi soir, texto de mon père pour m'indiquer que lui et ma mère sont positifs, ma sœur est bizarrement négative et donc... je suis cas contact.

Depuis le début, j'ai la trouille que ce foutu virus ne se fasse un chemin jusqu'à mes parents. BPCO d'un côté et diabète de l'autre, a priori les chances pour que je devienne orpheline sont très fortes. Alors face à ce texto, je me décompose. Je demande des précisions, mais je n'en obtiens pas. Ils ont "quelques symptômes". Et je dois me faire tester dès que possible.

Le lendemain matin, je reporte la séance de psychologue. C'est ballot, ça m'aurait été bien utile, mais c'est comme ça. Le midi je reçois un texto de l'assurance maladie qui me renvoie vers un site où on me donne les recommandations: je dois effectivement me faire tester et je suis isolée pendant une semaine. Je ne comprends pas tout, alors j'appelle le labo qui me dit que non ça ne sert à rien de se faire tester tout de suite, il faut attendre une semaine après le "contact", donc lundi puisque dimanche c'est fermé.

Dans le même temps, je m'interroge: dois-je prévenir les gens que j'ai côtoyé cette semaine? Je préviens le boulot, on me suggère de poser la question à mon généraliste. Celui-ci me confirme les infos du labo: pas la peine de me faire tester tout de suite et pour les personnes qui ont été en contact avec moi... c'est à l'assurance maladie de s'en charger.

Je trouve ça stupide. Peut-être que c'est moi qui ai contaminé mes parents, à ce stade, impossible de le savoir. Donc me tester tout de suite, en plus de lundi, aurait sans doute été judicieux, pour moi. Ça aurait permis de gagner du temps et éventuellement de prévenir tout un tas de gens que j'aurais pu contaminer.

A quelques exceptions près, je suis bête et disciplinée donc j'obtempère. Et j'attends, sans sortir. C'est ennuyeux: mes poubelles sont pleines. Bête et disciplinée, je vous dis: elles attendront lundi matin que je sorte pour me faire tester. Je check mon frigo: les courses ont été faites jeudi. Niveau bouffe, avec quelques restrictions mineures, je peux tenir facilement huit jours. Niveau boissons, je risque de manquer d'Oasis et d'Orangina sur la fin.

Surtout, il faut que je sache où en sont mes parents. Je commence à avoir des images d'enterrements qui me viennent. Mon cerveau déroule les pires scénarios, il n'a rien d'autre à faire pour le moment. Alors, j'appelle. Ma mère décroche, elle a l'air d'aller plutôt pas mal et elle me le confirme. Pendant deux jours, elle a eu une grippe un peu désagréable, sans plus, mais c'est en train de passer. Étonnant. Pour moi, si elle l'attrapait, elle n'avait aucune chance. Je m'en réjouis donc particulièrement: pourvu que ça dure. Mais elle fait retomber mon moral tout de suite: mon père est totalement KO. Il ne mange plus, il reste alité toute la journée, dort 16 heures par jour, respire mal, a froid. Bref, une grippe bien carabinée. Une grippe qui ressemble à ce qu'on appelle depuis un an "une forme grave". Mais pour le moment, pas d'hôpital. Il se bagarre.

Je repense à La Haine: "Jusqu'ici, tout va bien. Le plus dur, ce n'est pas la chute, c'est l'atterrissage."

Et nous voilà donc samedi. Pour la deuxième fois, ce qui me pousse à me lever, c'est la perspective d'avoir reçu un message pendant mon sommeil. Je me dis que j'ai trop connu ça, dans ma vie, l'angoisse de l'appel fatidique. Avec ma grand-mère, en particulier, toutes les années avec Alzheimer.

Mon père m'a effectivement envoyé un texto qu'on peut résumer en deux mots: situation stable. Ça me rassure néanmoins qu'il ait eu l'énergie d'y penser et de le faire.

Ensuite, c'est l'assurance maladie qui m'a appelée, vers midi. La madame, qui semblait à la plage tant il y avait de vent, m'a posé plusieurs questions, et précisé encore un peu plus ce qu'on m'avait déjà dit la veille. J'ai tiqué sur ce même détail: elle m'a demandé si j'avais été isolée dès mon contact, et j'ai répondu que non, évidemment, je me suis isolée dès que j'ai su que j'étais "cas contact". Je m'attendais à ce qu'elle me demande avec qui j'ai été en contact... mais non. Au final, j'ai eu une attestation qui ne dit pas tout à fait la même chose qu'elle, mon toubib et le labo, mais globalement, ça reprend mon maigre programme des sept prochains jours. Et avec cette attestation, j'ai droit à 30 masques gratuits à la pharmacie. Youhou!

Après cette conversation, je traîne, avec un semblant de gueule de bois et puis je termine le boulot qu'il me restait à faire sur mon PC. Je regarde l'heure et je me dis que je vais encore devoir trouver des choses à faire. Pourquoi pas compter les carrés de balatum dans mon salon? Non, je vais me mettre sur Just Dance, ça me fera du bien. Et le reste de la semaine? J'ai un bouquin à relire, ça peut être parfait. Si ça ne tourne pas plus mal. J'en ai d'autres à lire, aussi. Ouais, ça va être ça, le programme: du sport, de la littérature et des coups de fil anxieux.

J'essaie d'appeler ma sœur, pour savoir comment les choses évoluent, et comment elle vit la situation, elle. Je crois que c'est la première fois qu'elle se retrouve aux manettes dans cette famille. La petite dernière. Jusque-là, elle se laissait plutôt guider par les aînés. Là, elle doit gérer seule le ménage, la bouffe et les grandes décisions. Parce que mon père est un boomer pour qui être à l'article de la mort n'est pas une raison suffisante pour appeler le médecin. Et ma mère n'est pas du genre à s'opposer à lui. Mais elle n'a pas répondu à mon appel, et n'a pas rappelé non plus.

Son rapport au téléphone est tellement différent du mien, et tellement plus sain.

Arrive le soir, et je décide d'écrire cet article, qui sera aussi un "journal d'isolement". J'y reviendrai quand j'aurai quelque chose d'intéressant à écrire. L'idée, c'est aussi de m'occuper de façon pas trop stupide, de fixer ces moments pourris à un autre endroit que ma mémoire, de rationaliser.

Je vous cache pas que pendant deux jours, j'ai eu des envies de meurtre à l'égard du type qui s'entête à maintenir un couvre-feu inutile plutôt que de nous confiner à la dure une bonne fois pour toutes, pour casser l'épidémie, et qui semble trouver acceptable de rester pendant trois mois entre 300 et 400 morts par jour.

Si par malheur, ce sinistre personnage de droite devait se retrouver au second tour de la prochaine élection présidentielle, c'est à lui que je ferai barrage. 

Et maintenant, je vais me finir devant Columbo.


Nous voilà lundi soir. Ce matin, je n'ai pu que constater mon angoisse pour les tests PCR, avec une nuit pire encore que les précédentes, mes intestins un peu tordus et une belle suée. Et pourtant... j'ai quasiment rien senti. J'ai aussi adoré la voix, les yeux et les mains de l'infirmière. Pour le reste, j'en sais rien, elle était déguisée en Barbapapa. C'est étrange cette attirance que je peux avoir pour les personnes qui s'adonnent à mes pires phobies.

J'en ai profité pour balancer mes poubelles dans les bacs idoines. Parce que je me soumets aux règles, mais là c'était abusé.

J'ai demandé des nouvelles, elles n'étaient pas terribles. Il a fallu appeler le médecin, qui a prescrit des compléments alimentaires. J'espère qu'il saura les avaler parce qu'effectivement quand tu es malade et diabétique, ne pas manger, c'est mauvais. "Jusqu'ici tout va bien". 

Ensuite, j'ai suivi mon programme habituel en cas d'isolement. La tête et les jambes, et aussi un peu de ménage.

Malgré la fatigue, j'ai pu réfléchir de façon constructive à mon bouquin. J'ai foiré la caractérisation de l'un de mes personnages principaux. Trop d'hésitations pour au final en faire un cliché cis et dégueulasse sur la transidentité. Un peu comme dans Le Silence des agneaux ou Psychose. Un sacré souci. Je pense avoir trouvé un moyen de contourner le problème, ajouter simplement un passage au début du roman pour préciser d'emblée sa dualité, et son malaise face à cette représentation. J'espère que ça fonctionnera, sinon c'est un coup à ce que ces quelques années de boulot terminent au fin fond de mon ordinateur. Avec bien d'autres, pour diverses raisons.

Bien sûr, j'ai aussi repéré un tas d'autres détails problématiques, nettement plus insignifiants. C'est impressionnant. Chaque fois je constate que la lecture sur écran et sur papier, ça n'a vraiment rien à voir.

Le ménage a aussi quelque chose de satisfaisant. Ça m'aide à me dire que j'ai fait quelque chose de ma journée, qu'elle a été productive. Et pourtant, nettoyer une friteuse, on fait plus agréable. Faut aimer le gras qui colle.

Enfin, Just Dance. De l'exercice physique, histoire de brûler les toxines, de se fatiguer physiquement, de se défouler. Une troisième source de satisfaction qui me fait presque oublier la situation méga tendue.

Pour le soir, rien d'inhabituel: grosse bouffe bien lourde, infos énervantes, frustrantes, déprimantes et puis The Punisher. Une série ultra violente, très américaine, un rapport ambiguë avec la peine de mort et les armes... Je n'ai pas trouvé de série comique qui me plaise, hormis Désenchantée, que je me réserve pour la fin de soirée, avant d'aller me coucher, et de continuer la lecture d'un thriller à l'histoire intéressante mais au style faiblard.

Prochaine étape pour moi: jeudi après-midi pour le deuxième test. Je vois pas trop comment il pourrait être positif, mais c'est la procédure. Normalement, je pourrai faire mes courses vendredi sans mécontenter les autorités, qui n'en sauraient de toute façon rien et qui ne pourraient de toute façon rien faire.

Et en attendant, j'espère que la situation à 25 kilomètres de chez moi va s'améliorer. Vraiment.