dimanche 24 décembre 2023

Le point sur mes projets

 L'année se termine, c'est souvent l'occasion de faire le bilan, en se remémorant chaque instant comme le chantait un rappeur dont j'ai totalement oublié le nom mais que mes potes écoutaient en boucle il y a une vingtaine d'années.


Je n'ai toujours signé aucun contrat d'édition.

Voilà, merci d'être passé, au revoir.

Ha ha! Je suis tellement drôle...

Non, mais c'est vrai, j'ai été pleine d'espoir à ce sujet toute l'année et... c'est en suspens. Ça peut arriver, ou pas, d'un moment à l'autre. Mais pour le moment, je reste une obscure scripteuse qu'on regarde avec pitié quand elle dit qu'elle est écrivain.

J'ai pourtant un roman finalisé, Hentaï witch qui semble beaucoup plaire à des gens qui sont, à mes yeux, les plus crédibles au monde pour juger de ce genre de choses. Mais il tombe mal. Il est trop long. Pas dans le bon genre. Catalogue déjà surchargé. Deux très bons éditeurs l'ont sur leur pile à lire. Une chance au grattage, une chance au tirage. On attend...

J'ai écrit une pièce de théâtre, que je dois remanier, parce que trop longue. J'espère qu'un jour je rencontrerai des gens qui voudront et pourront la mettre en scène. En attendant, j'ai écrit quelques sketchs, dont un spectacle complet, qui peuvent dores et déjà être joués. Mais voilà, là aussi, il faut trouver les bonnes personnes pour ça. Je me dis qu'une fois que je ne serai plus une obscure scripteuse, ça pourra créer des opportunités.

Je suis en train de remanier un roman érotique (voire un peu plus...) pour la collection Les Nouveaux Interdits, à La Musardine. C'est un genre que je maîtrise mal et pour lequel j'ai trop peu de références. En même temps, c'est un genre qui est un peu conçu pour te donner envie de lâcher le bouquin et de faire autre chose, donc bon... Du coup, je le travaille, depuis cet été, avec le directeur de la collection, Christophe Siébert. Une belle personne, avec en plus des connaissances qui me font un bien fou, qui m'aident énormément à progresser. Et là, par exemple, je dois confesser que ses derniers conseils, maintenant que je les applique, m'apparaissent comme du bon sens. Effectivement, mon livre est bien meilleur comme il me le dit.

J'espère, donc, encore, que d'ici quelques semaines, ce modeste ouvrage intitulé de façon potentiellement provisoire Rêves de queer pourra trouver sa place dans sa collection et sortir en... 2025. Oui, c'est long.

J'y parle d'une femme qui manque à la fois de vagin et de confiance en elle. Heureusement, elle va rencontrer une jeune femme qui dispose des deux, et ses potes. Et l'air de rien, j'y aborde des sujets sociétaux extrêmement sérieux. Il y a toujours énormément à lire entre les lignes, chez moi.

J'écris aussi, en pointillés, un autre roman où ça baise beaucoup, mais plus dans le style polar/fantastique. Donc je ne sais absolument pas ce que ce bouquin en devenir va... euh... devenir, mais il est déjà assez bien avancé. Dès que j'ai terminé Rêves de queer pour de vrai, je m'y remets. Je vais un peu mieux caractériser mon personnage principal, expliciter le contexte et faire péter une belle fin, bien ouverte qui pourrait donner lieu à une série, façon San Antonio. Parce que j'adorerais faire ça et j'ai deux personnages dans le même univers qui peuvent évoluer côte à côte et qui s'y prêteraient parfaitement.

Mais une chose à la fois, on va pas s'enflammer, si ça tombe, ça ne va intéresser personne.

Pour finir, je bosse sur une nouvelle pour le tout nouveau concours des Avocats du Diable, le prix Jacques Sadoul. La phrase inspiratrice m'a fait penser à l'un de mes projets, en SF. J'avais pas l'intention de l'écrire et encore moins de la sortir maintenant, parce que... c'est à la fois le point de départ, mais aussi le point final de mon univers. Mais après tout, pourquoi pas? J'ai une bonne intuition. Et en tout état de cause, il faudra bien que je l'écrive un jour... 

Donc j'y consacre quelques heures, le dimanche. Pour le moment, je suis sur le brouillon, je peaufine les détails avant de fracasser la tête de mes lecteurs. Ça va être très différent de ce que j'ai pu écrire jusque-là et en même temps, on va y retrouver mes obsessions, et mon style. Comment décrire ma cosmogonie et ma conception de l'univers, tout en parlant de temporalité, de religion, évidemment, de croyance, de vérité, de fiction, d'identité, d'intelligence artificielle, de politique, d'écologie et tout ça en 25 000 signes? Réponse dans quelques mois.

Pour comprendre mes autres récits à 100%, il sera essentiel de le lire, comme le roman, toujours en suspens, sur lequel je compte m'acharner dès que... j'aurai finalisé tout ça.

Celui-là, j'y travaille depuis quelques années et c'est lui qui aura pour fonction d'éclairer tout le reste. Y compris la nouvelle. La nouvelle doit faire passer mes autres récits de la 2D à la 3D. Ce roman doit les faire passer à la 4D. Je suis une obscure scripteuse, mais... j'ai quelques ambitions. À voir si j'en aurai les moyens... 

En ce 24 décembre 2023 où je ne bosse pas sur ma nouvelle, je me dis que si je rencontre les bonnes personnes, et que je prends le temps qu'il faut, rien n'est impossible. J'ai les idées, j'ai de plus en plus l'envie, il me manque le soutien, financier, bien sûr, parce que l'estomac vide j'écris rien de bon, mais pas que. J'ai aussi besoin d'encouragements et de critiques constructives. Quitte à me dire "non, ça, ça va clairement pas le faire". 


Et justement, si je devais résumer 2023, aujourd'hui, avec vous, je dirais que c'est avant tout des rencontres, des gens qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j’étais seul chez moi. Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée…

Diniz, Christophe, Élise, aussi, un peu, même si ça a été très court. D'autres moins bonnes qui ne valent pas qu'on en parle. Mais surtout Diniz et Christophe qui m'aident à transformer les rêves en espoirs, les improbabilités en possibilités.

Et, peut-être, l'année prochaine, en réalité. Qui sait?

En attendant, demain, raclette et écriture. La période des fêtes, pour l'asociale que je suis toujours, c'est une période particulièrement fertile, et grasse. Les autres festoient, sont en vacances, occupés donc j'ai moins de mal à me concentrer que le reste de l'année.

C'est pourquoi je vous souhaite de très joyeuses fêtes. 

dimanche 29 octobre 2023

Critique: L'étoile de mer, de Popier Popol

 



Petite précision: j'ai lu ce livre alors que je subissais une polysomnographie. Autrement dit, je me faisais scruter le sommeil pour savoir si je fais de l'apnée ou s'il y a une raison physique, mesurable à ma fatigue chronique. Spoiler: Non. C'est donc très certainement psychologique.

Mais on s'en fout, c'est pas le sujet. C'est juste que j'étais particulièrement crevée quand j'ai lu L'étoile de mer, aux éditions grevis.

Déjà, c'est quoi, ce machin? J'ai envie d'appeler ça de la poésie, donc je le fais: c'est de la poésie. Popol (tu permets que je t'appelle Popol?) nous parle du quotidien de Nathalie, un quotidien assez pénible, mais pas épique. Quotidien. D'une douloureuse banalité. Son boulot nul, sa vie sentimentale pas franchement passionnante... Je le vends bien, hein? Non, mais en fait, c'est là que c'est génial: c'est super bien raconté.

Vous savez à quoi il me fait penser, ce livre? À Leïla Bekhti. Si, si! Et surtout à sa recette de lasagnes. Je suis pas foutue de savoir si ça semble mangeable, comme recette, parce qu'elle raconte ça comme si c'était la plus abominable des tragédies, et ça nous donne envie de pleurer avec elle. Du coup, on explose de rire.



Ben là, c'est pareil. C'est triste à mourir, comme existence mais comme c'est raconté de façon atypique, ben c'est souvent rigolo. Et quand c'est pas rigolo, c'est émouvant. En tout cas, c'est jamais chiant. C'est pour ça que je parle de poésie: tout est dans la formulation, le choix de mots. C'est court, c'est léger, jamais pompeux, ça transpire d'humilité et, paradoxalement, d'amour. Notamment pour Philippe Poutou.

De toute façon, dès les premières pages, j'ai été séduite par la petite référence à la con qui va bien, je cite: "(léléla)".

Si t'as moins de trente ans, tu ne peux pas comprendre et c'est ça qui est bon.

Bref, lisez Popol, lisez L'étoile de mer.

dimanche 22 octobre 2023

Critique: Football factory, de John King

 



C'est mon deuxième John King, après Skinheads, et je comprends son succès. La parenté avec Welsh est évidente. Tous deux aiment les prolos britanniques honnis : hooligans, skins, toxicos... et ils les décrivent avec précision et un certain amour. On sent qu'ils ont fréquentés, qu'ils les connaissent, qu'ils en font peut-être même partie, d'une certaine manière.

Avec Football factory, aux éditions de l'olivier, King nous plonge dans une bande de potes liés par leur club, leur histoire et... leur virilité. Ils voyagent en Angleterre, au gré des matchs, dans les différents clubs qui affrontent leur équipe de Chelsea, au milieu des années 90, quand des hordes de supporters se tapaient sur la tronche en marge de chaque match.

Comme pour Skinheads, l'idée est de leur donner des noms, des visages, des parents, de les humaniser, de nous amener à les comprendre, à comprendre comment on en vient à se faire démolir la tronche par d'autres types qui partagent la même passion, mais pas le même maillot, à frôler la mort, à se retrouver en taule et à en éprouver une certaine fierté.

Football factory s'apparente à un travail journalistique, en immersion. King privilégie le réalisme. C'est la différence avec Welsh, qui met en scène des personnages plus marquants, dans des histoires continues. Là, King évacue ce qui ne va pas dans le sens de sa démonstration. Il n'y a pas d'histoire, mais des histoires avec des personnages récurrents qui ne se démarquent pas vraiment les uns des autres.

Le but n'est pas de nous divertir, de nous amuser, encore moins de nous prouver à quel point King écrit bien. Non, le but c'est de nous montrer l'univers du football anglais dans les 90's, avec une certaine précision.

Et c'est incontestablement réussi.


La prochaine critique portera sur un livre totalement différent qui s'intitule L'Étoile de mer, de Popier Popol. Je l'ai déjà terminé, et il est très bon.


dimanche 15 octobre 2023

La magie de l'écriture

 Quand je relis mes derniers textes, j'ai souvent cette impression très étrange que... c'est tellement bon que j'ai l'impression que ça a été écrit par un autre. Avant, quand je me relisais, au bout d'un moment j'en venais à me dire "oui, ok, il y a de bonnes choses, mais...".

C'est comme si, depuis quelque temps, une muse avait décidé de me souffler ce que je dois écrire.

En général, le matin, je me relis, et je trouve toujours des petites choses à améliorer. Des incises à préciser, des virgules à ajouter, des répétitions à éviter, des formulations à clarifier... Et là, je sais, sans conteste, que c'est moi qui pilote.

Mais l'après-midi, je suis dans la phase création et c'est totalement différent. 

J'ai décidé de me mettre devant mon traitement de texte à 14h. Comme je suis une rebelle, la plupart du temps, il est au moins 14h30 quand j'y reviens. Là, je pousse un grand soupir en me demandant ce que je vais raconter. Comme rien ne vient, je me réfugie sur mes réseaux sociaux, et le temps passe...

Vers 15h30, j'en suis toujours à me dire que je suis une fraude, que je suis naze. Particulièrement en début de semaine. En ce moment, je bute particulièrement sur l'usage du plus que parfait et j'en viens à m'interroger sur ma prétention à écrire des romans alors que je ne maîtrise même pas ce basique.

Sauf que, je sais, au fond de moi, que tout ça va se débloquer vers 16h, comme par magie.

Je vais lancer une phrase, et là, mon cerveau, ma muse, la magie - appelez ça comme vous voudrez-, va se mettre à fonctionner et ça peut aller jusqu'à une frénésie difficile à arrêter.

"Et là bam, je lui fais faire ça, et puis elle dit ça et pif l'autre, elle réagit comme ça. Il suffit que je l'amène comme ça. Allez, je fonce, je m'occuperai des détails plus tard. Plus que parfait ou passé composé? Plus que parfait, évidemment!"

Et le récit se déroule, naturellement, de façon logique, cohérente. Évidente. Mes personnages s'agitent comme s'ils étaient réels. Je suis le vague plan que j'avais en tête au départ, et je l'habille de multiples détails, je le change, je le peaufine, je l'affine, et j'y prends un énorme plaisir.

Je pense à mon lecteur, en permanence, je joue avec lui, je lui glisse du deuxième voire du troisième degré, je le prends par la main et je l'amène dans mon univers. De temps en temps, je lui balance une petite phrase pour le faire marrer, ou lui occuper la tête pendant ses insomnies, mais surtout pour qu'il reste bien éveillé parce que sinon il risque de rater un passage important.

J'essaie de l'inciter à relire mon bouquin, parce qu'à la première lecture, tu passes à côté de l'essentiel. Cette petite phrase, rigolote parce qu'elle semble hors contexte, absurde, ironique, si, en fait, il fallait la prendre au 1er degré, en reculant d'un pas pour considérer les personnages autrement, comme des symboles?

Ça mouline sans que je m'en rende compte et j'ai l'impression d'écrire une histoire qui existait déjà, avant, dans une autre dimension. Simplement, je l'arrange avec mes mots et ce foutu plus que parfait, mes références, mon existence, ma personnalité qui se révèle à moi en même temps.

En écrivant l'histoire de personnages fictifs, j'écris ma propre histoire. Mise en abyme.

Il faut que je relise Borgès. Encore.

dimanche 1 octobre 2023

Critique: Martin Eden, de Jack London


 

Ne prêtez pas attention à ce vernis mal foutu: je ne suis pas douée, mais c'est pas le sujet.

J'entends dire depuis longtemps que Martin Eden est le chef-d'oeuvre de London donc j'ai voulu découvrir cet auteur par ce livre. J'avais déjà lu une biographie du bonhomme, très intéressante. Un prolo, vraiment parti de rien, viscéralement socialiste, qui a appris à maîtriser le langage alors qu'il vivait d'improbables aventures aux quatre coins de la mappemonde. Et ce livre est en grande partie inspirée de sa vie.

Sauf qu'ici, il n'est pas question de voyage exotique, mais plutôt de voyage intérieur. London nous plonge dans la peau d'un écrivain en devenir, qui apprend à maîtriser la langue en autodidacte, qui se méprend sur le fonctionnement éditorial, qui devient arrogant et... termine particulièrement déçu d'avoir atteint ses objectifs.

Il voulait montrer au monde quel génie il était, y parvient et... se retrouve confronté à l'hypocrisie du monde qu'il a toujours fréquenté. Hé oui, hier, on le conspuait, aujourd'hui, on l'adule, alors qu'il a toujours été la même personne.

Le moment était parfaitement choisi pour lire ce livre, puisque... je suis dans une position comparable à celle du personnage, au milieu du récit. Moi aussi, j'écris depuis des années, avec de très modestes résultats. Moi aussi, j'ai sacrifié énormément de choses pour écrire. Comme lui, je suis pauvre, par "choix", parce que je veux avoir du temps à consacrer à l'écriture. Comme lui, je suis très seule. Comme lui, quand je parle de mes textes, les gens me regardent comme si j'étais un enfant de trois ans qui vient de dessiner une maison avec un gros soleil qui sourit. Moi aussi, je suis arrogante, mais... je peux aussi me montrer humble. J'ai conscience d'avoir encore des défauts, même si j'en ai déjà corrigé beaucoup. Je continue à apprendre et à m'améliorer.

Tout écrivain en devenir devrait lire Martin Eden qui constitue un beau témoignage sur l'écriture, à une époque, aux Etats-unis mais qui conserve une portée universelle.

Je trouve néanmoins l'oeuvre un peu naïve, parfois poussive, pas totalement maîtrisée, avec une fin, que je connaissais par avance, assez décevante. Mais c'est sans doute mon arrogance qui parle.

Il n'en demeure pas moins que je ne regrette pas du tout ma lecture, et que je lirai sans doute d'autres œuvres de London.

Rendez-vous compte que je n'ai encore jamais lu Les Trois Mousquetaires. C'est dire s'il me reste des "classiques" à découvrir. Il figure sur ma pile à lire.

En attendant, c'est John King et Football factory que j'ai déjà attaqué. Et il me déstabilise toujours, John. C'est pas son truc, les romans linéaires, hein?


dimanche 3 septembre 2023

Un nouveau roman en cours de finition

 J'ai voulu profiter de cette année un peu particulière, avec des ARE et une opération chirurgicale en plein milieu, entre autres, pour me tester. Je voulais voir ce que ça donnait, si je me consacrais à l'écriture à temps plein.

J'avais toujours pensé que l'inspiration venait quand elle venait, souvent la nuit, et qu'il ne fallait surtout pas la forcer. J'estime aujourd'hui qu'il s'agissait d'une erreur.

Bien sûr, il y a de longues périodes où je ne vois rien à taper sur mon traitement de texte, dans une journée. Mais passer ce temps dans mes notes me permet de trouver de nouvelles idées, plutôt que de les gâcher à autre chose. Même si mon texte ne semble pas avancer, il se construit, dans l'ombre de mon crâne, et je m'améliore.

J'ai souvent la tête dans le cul. Beaucoup trop. Et j'avais aussi tendance à me dire que dans cet état, je n'étais bonne à rien. C'est faux. Il reste possible de se relire, et, au pire, de lancer un coup de correcteur, de prendre du recul, compléter les fiches de mes personnages, de mes lieux...

Bref, nous sommes au tout début de septembre, et j'ai produit trois bouquins: une pièce de théâtre, un spectacle à sketchs et un roman "érotique". Les trois méritent quelques relectures et améliorations, mais pour les deux premiers, j'ai le temps. Il faut que je trouve une compagnie pour les jouer et ça risque de ne pas être pour cette année.

Quant au troisième, j'espère l'avoir vraiment terminé en fin de semaine prochaine.

Je l'ai fait lire à deux amis pour m'assurer que je n'ai pas écrit d'inepties dans des domaines qu'ils maîtrisent mieux que moi, et ça ne semble pas être le cas. En bonus, ils ont l'air d'apprécier leur lecture pourtant très particulière.

Deux autres amies m'ont proposé leurs services de relecture. Elles peuvent effectivement m'aider niveau incohérences et syntaxe, mais avec leurs vies chargées, j'espère qu'elles pourront s'en acquitter assez vite.

Parce que j'ai hâte d'exhiber mes personnages au monde.

Je dois dire que c'est une première, pour moi. J'ai adoré passer ces quelques semaines avec eux, et je suis triste de devoir les abandonner. Mais je suis surtout fière de moi. J'estime m'être grandement améliorée niveau technique au cours de cette écriture, et... le résultat, que je continue à améliorer, me semble bien plus abouti que mes précédentes productions.

Je n'ai pas pu m'empêcher d'y ajouter quelques niveaux de lecture qui devraient provoquer des vertiges, et, je l'espère vraiment, provoquer réflexions et rêveries, en plus de l'effet recherché principalement.

La semaine prochaine, je vais donc me relire, encore et encore, jusqu'à ce que je ne voie plus rien à modifier. Je vais enrichir mes descriptions, uniformiser, corriger, approfondir, clarifier... Je vais tâcher de virer les effets de manche, traquer les clichés, les erreurs de concordance des temps, les répétitions...

Ensuite, Rêves de queer passera son entretien d'embauche pendant que sa créatrice croisera les doigts, en se demandant si elle ne s'est pas, encore, égarée dans ses délires... 

Mais à ce stade, je suis convaincue qu'il mérite d'exister, d'être publié et qu'il trouvera son public.

dimanche 6 août 2023

Critique: King Kong théorie, de Virginie Despentes


 

Ce livre me faisait de l'oeil depuis plusieurs années. Il m'intriguait. Déjà, Despentes: tout ce qu'elle fait attire mon attention. Même si j'ai moyennement aimé Vernon Subutex, et que Les Chiennes savantes ne m'avait que partiellement comblée.

Et puis, pourquoi King Kong théorie? De l'importance du titre: Nothomb m'a attirée dans ses filets avec Métaphysique des tubes. J'avais besoin de comprendre comment on pouvait devenir un best seller avec un titre aussi peu sexy.

Surtout, j'en entends beaucoup de bien depuis longtemps.

Alors voilà, j'ai lu ce court essai, au Livre de Poche, en quelques heures. Et maintenant, j'ai envie de lire tous les autres, et même de relire Vernon Subutex et Les Chiennes savantes.

C'est étrange à dire, et si elle le lit, ça va certainement lui semblé très intriguant, mais je me suis identifiée à elle. Nous avons des vies, des vécus très différents, on ne se ressemble pas, et pourtant, j'ai eu ce sentiment du début à la fin qu'elle parlait de moi. C'est peut-être, simplement, parce qu'avec son style punk, elle a réussi à toucher juste.

C'est peut-être, aussi, que nous ne sommes, elle et moi, pas des meufs lambda. Il doit être là, notre point commun: la marge, le recul. Différentes l'une de l'autre, mais hors du cercle.

Ce qui lui permet de le définir, ce cercle, de nous expliquer ce qu'est une femme, et en creux, ce qu'est un mec. De nous parler des relations désastreuses entre les deux, de la place merdique de la femme, surtout si elle n'entre pas dans le cercle.

Mais, dans le fond, qui peut y entrer, dans ce cercle de la femme acceptable? Personne. Les attentes contradictoires, entre la putain et la sainte, sont conçues pour qu'aucune femme ne soit jamais en sécurité.

Je vais le relire. Parce que j'en ai besoin. Parce que cette société a besoin de cette théorie.

Je lis peu d'essais. Je préfère qu'on m'explique une philosophie avec des images, des situations, de la fiction, mais King Kong théorie vient de rejoindre Manifeste d'une femme trans, de Julia Serano dans la catégorie "explosion de cervelle salvatrice".

Deux femmes qui, de par leurs vécus, ne peuvent voir notre société que d'un angle original, et donc éclairant.


dimanche 30 juillet 2023

Critique: Skinheads, de John King

 



On m'a chaudement conseillé de m'intéresser à John King, qui n'a rien à voir avec Stephen, alors j'en ai acheté deux: Football factory et Skinheads, aux éditions Points. Et j'ai donc commencé par ce dernier.

Je vais commencer par évacuer ce détail: il y a des coquilles assez gênantes tout au long du roman.

Sinon, King nous livre un récit très descriptif avec comme idée de nous montrer ce qu'est le "vrai" skinhead anglais, originel. Et je dois dire que pour moi, Française rurale, le skinhead, c'est le fasciste aux cheveux rasés, qui porte des Dr Martens avec des lacets blancs, qui écoute de la musique aux propos racistes et violents, et qui pratique la ratonnade à l'occasion. Une espèce qui, à défaut d'avoir disparu, s'est quelque peu transformée, depuis les 90's.

Je revois encore mon meilleur ami de l'époque s'amuser à transformer en maisons les nombreuses croix gammées que ces ordures traçaient un peu partout dans notre ville à cette époque.

Je partais donc avec des a priori aussi négatifs que possible.

Et la lecture de ce livre m'a permis de comprendre que ces ordures ont corrompu le mouvement skinhead original, qui n'avait rien de fondamentalement raciste. Il est question d'influences jamaïcaines, de proximité avec le punk, avec un patriotisme et un goût de l'ordre, de l'uniforme qui font leur fierté.

À vrai dire, je n'ai pas pu m'attacher aux personnages, malgré tout. Parce que s'ils se montrent, à mon sens, tout à fait respectables, contrairement à leurs avatars que j'ai eu le malheur de croiser dans ma vie, ils restent trop éloignés de moi.

Et l'histoire n'est qu'un prétexte pour nous les montrer en situation, interagir entre eux et avec leur société. Le vieux taulier rachète un bar pour bien nous montrer à quoi ressemble l'esprit skinhead, un autre s'embrouille avec des dealers pour nous montrer leurs valeurs morales... OK.

C'est bien écrit, c'est détaillé, c'est riche, c'est parfaitement crédible... King maîtrise sa langue et son sujet, mais j'ai pas adhéré. J'aurais aimé un peu plus de piment, de tension.

J'espère que Football factory, que je lirai d'ici peu parce que je ne compte pas me décourager si facilement, répondra un peu plus à mes attentes.


dimanche 23 juillet 2023

Critique: Le Monde de Julia, de Jean Baret et Ugo Bellagamba


 


On m'a dit le plus grand bien de la collection mu, chez Mnemos, alors j'ai voulu tester. Après avoir passé un certain temps à scruter les titres tous aussi intéressants les uns que les autres, j'ai opté pour un roman qui mélange science-fiction et... droit. Deux univers que je connais un peu et qui me plaisent bien. Voilà comment je me suis retrouvée avec Le Monde de Julia.

Je pense qu'il vaut mieux disposer de certaines connaissances juridiques pour pouvoir appréhender cette fable plutôt complexe. Il s'agit, en quelque sorte, d'une version modernisée de Montesquieu et son Esprit des lois, avec, peut-être, un zeste de Lettres persanes dans la forme. Ayant lu ces deux ouvrages à la très lointaine époque du lycée, je préfère rester prudente sur l'analogie.

À travers un monde en ruine où les survivants cherchent la meilleure organisation politico-juridique en se basant sur des films ou des livres de l'ancien monde, on suit à la fois un groupe de scientifiques qui essaient de mettre un peu de raison dans ce terrible bordel, et une étrange gamine, Julia, qui brille par son intelligence et ses connaissances hors normes. Elle va devoir suivre une sorte de cheminement initiatique, accompagnée par un robot et d'insolites créatures qui vont la jauger jusqu'à la révélation finale, qui donne à réfléchir, à l'heure de Chatgpt.

Et si le salut nous venait de cet enfant hors norme?

Je dois avouer avoir été larguée par le récit une fois ou deux, même s'il se laisse lire, avec un style fluide et agréable.

Et pour ce qui est du livre en tant qu'objet, il est très beau et met parfaitement en valeur le texte. Je n'ai pas le souvenir d'avoir croisé une coquille et les couvertures de cette collection me plaisent beaucoup.

Ça donne envie de s'y faire éditer... 

dimanche 18 juin 2023

L'humour, le rire, la claque

 Depuis que j'ai commencé à écrire des sketchs, j'ai essayé de prendre du recul pour saisir la mécanique du rire. Pourquoi tel texte va faire hurler de rire (presque) tout le monde alors que tel autre va connaître un bide retentissant.

Il n'existe pas de recette miracle. Un simple "prout" peut faire hurler de rire certains enfants et aussi beaucoup d'adultes, et en consterner quantité d'autres. De la même façon, une vanne dans laquelle on se moque de l'accent d'un personnage appelé Mamadou continuera à faire rire certaines personnes, et à en indigner d'autres. Ça passait tranquille il y a quarante ans parce que les moqués n'avaient pas voix au chapitre.

Je ne crois pas que Coluche ou les Inconnus feraient les mêmes sketchs aujourd'hui, ou alors ils connaîtraient un succès nettement moindre. Parce que l'humour est en grande partie question de contexte.

La fameuse blague "Qu'est-ce qui sépare l'homme du singe? La méditerranée!", si vous la racontez, premier degré, en Algérie, vous aurez beaucoup moins l'impression d'être un génie de l'humour que si vous la racontez lors d'un meeting de Zemmour.

Mais il y aura toujours des OSS 117 pour soutenir qu'on peut rire de tout, que c'est juste un rôle, que c'est pas méchant et appeler à censurer les censeurs.

De la même façon, balancer une vanne pendant un mariage n'aura pas le même effet que la même vanne prononcée de la même façon pendant un enterrement.

Les blagues Carambar ne sont drôles que quand on les partage avec des amis qui ont envie de rire, vous avez remarqué? Si vous les lisez seul, en général, elles auront déjà bien de la peine à vous arracher un sourire. Par contre, si vous la lisez à une personne de bonne humeur en la ponctuant d'un rire communicatif et crédible, même forcé, vous pouvez déclencher un interminable fou rire avec une vanne pourtant très médiocre.

C'est très compliqué de faire rire avec juste un texte.

Ça l'est un peu moins avec une personne qui lit en audio, mais ça reste très compliqué, parce qu'il faut que la voix soit drôle, bien jouée avec une tonalité particulière.

Les humoristes, quand ils passent à la radio, sont souvent accompagnés d'animateurs payés pour rire de façon bruyante aux sketchs. Imaginez Paul Mirabel lire ses textes seul. Il resterait drôle, mais serait nettement moins efficace. Avec la vidéo et sa tête de chien battu, ça aide, mais pas autant que d'avoir des complices qui explosent de rire. Surtout s'ils ont un rire aussi contagieux que ceux de Dominique Farrugia ou feu Thierry Roland.

C'est pour cette même raison que les sitcoms telles que Friends ou Une Nounou d'enfer bénéficient de rires en boîte. On pourrait se dire que c'est tellement drôle qu'elles n'en ont pas besoin, sauf que ça aide beaucoup.

Il existe d'ailleurs une pratique connue depuis l'antiquité qu'on appelle "la claque". Elle consiste à assister à un spectacle et à rire ou applaudir aussi fort que possible, selon la situation, même si on n'en a pas envie pour inciter le reste du public à faire de même, ou donner l'impression d'un succès. Ou, à l'inverse, si on veut plomber un rival, on peut aussi venir à plusieurs pour huer les comédiens, même si le spectacle est bon.

Par exemple, imaginez un spectacle de théâtre amateur, comique, qui doit durer trois heures. C'est déjà long, pour un tel spectacle. Les professionnels, y compris au cinéma, excèdent rarement les deux heures, parce qu'au-delà, le spectateur fatigue. Imaginez qu'en plus le spectacle a pris deux heures de retard, mais les gens sont bien obligés de rester pour récupérer leurs enfants, leurs proches qu'ils sont venus voir. Parce que, bien sûr, ils ne viennent pas pour la prestation. Scénario catastrophe, j'en ai bien conscience, j'exagère volontairement le trait. Au début, les gens rient et puis, au bout de deux heures, ils en ont marre, ils ne pensent plus qu'à rentrer chez eux, qu'à voir ce calvaire se terminer.

Hé bien à ce moment, il n'est pas inutile pour les gens de l'association de se mêler au public, dans le noir, et de rire très fort à chaque vanne des comédiens pour essayer d'entraîner deux ou trois personnes avec eux, et, surtout, pour faire croire aux comédiens qu'ils ne sont pas en train de faire un bide total.

Ce qui pourrait s'avérer traumatisant.

Voilà pourquoi je n'arrive pas à me satisfaire de mes sketchs. Je n'ai pas le talent pour faire rire simplement avec ma timide voix, je suis trop complexée pour tenter la vidéo. Dans l'idéal, il me faudrait des complices, pour rire à mes vannes et entraîner le public. Dans ce contexte, les rires en boîte ne me semblent pas une bonne idée.

Bref, le podcast aura été une bonne expérience, mais je n'ai pas les moyens de mes ambitions, pour le moment. Si ma situation évolue, je pourrais y revenir mais je préfère consacrer mon énergie à la pure écriture.

Par contre, si d'autres veulent mettre en son et éventuellement en images mes textes, j'en serais ravie.

D'ailleurs, j'en connais une dont j'attends des nouvelles...

Critique: La Commode aux tiroirs de couleurs, d'Olivia Ruiz

 


J'aime beaucoup Olivia Ruiz, sa voix et son univers, alors quand j'ai vu qu'elle avait écrit un roman, je l'ai immédiatement ajouté à ma liste.

Et me voilà donc à donner mon modeste avis sur La Commode aux tiroirs de couleurs, chez Lattès avant de sortir en poche.

Dans cette fameuse commode, Olivia découvre l'histoire de sa grand-mère. Difficile de savoir où s'arrête la réalité et où commencent les petits arrangements, mais j'imagine qu'elle a dû faire primer la sincérité dans son récit.

Tout commence avec la guerre d'Espagne qui force une petite fille à fuir en France. La narratrice ne consacre que quelques lignes aux mauvais traitements infligés par les Français à ces migrants d'alors, ce n'est pas son sujet. Elle a appris la langue et s'est faite passer pour une française, parce que ça valait mieux pour tout le monde, et elle en avait la possibilité.

Le livre parle surtout d'un amour torturé par la dictature franquiste, d'une guerre qui enlaidit les plus belles valeurs, le deuil, la maternité...

La Commode aux tiroirs de couleurs dessine le portrait d'une femme à la fois ordinaire et formidable, une femme amoureuse et frustrée, une femme aimante et comblée par sa fille, une femme au fort caractère qui trace son chemin et celui de sa famille, de ses descendantes, jusqu'à Olivia.

Au niveau du style, je m'attendais à plus osé, plus poétique. Quelques envolées m'ont mis des étoiles dans les yeux, mais j'imagine que l'autrice a préféré la pudeur et l'humilité à l'audace, pour ne pas occulter l'histoire et son personnage, qui ne lui appartient pas vraiment.

C'est agréable à lire. Pas autant qu'un Pagnol, bien sûr, mais on se laisse emporter par l'émotion et les sentiments dans le récit de ce contexte révoltant.

samedi 10 juin 2023

Critique: Feminicid, de Christophe Siébert




C'est grâce à Diniz que j'ai fait la connaissance de Christophe Siébert, qui pèse dans le game, comme disent les jeunes, mais c'est pas le sujet du jour. Là, je ne vais pas vous parler de la légende, mais de l'auteur, en toute simplicité.

Bon OK, je vais essayer de ne pas partir dans la flagornerie.

Il s'agit donc de Feminicid, Une Chronique de Mertvecgorod, édité par l'excellent Diable Vauvert. Ha oui, pardon, pas de flagornerie, j'ai dit.

Je ne le connaissais pas du tout et je le regrette bien. Feminicid... C'est le titre qui m'a amenée à choisir cet opus plutôt qu'un autre. Le thème me parle particulièrement.

Je m'attendais à trouver un roman, mais non, c'est un assemblage de réflexions, de témoignages, de chronologies historiques. Christophe Siébert se met dans la peau d'un journaliste fictif qui enquête sur une abominable série de féminicides, et qui livre ses trouvailles.

La forme s'avère déroutante. J'imagine qu'elle doit l'être un peu moins pour ceux qui connaissaient déjà Mertvecgorod, ce petit pays fictif situé au niveau de la Russie et de l'Ukraine, déjà présenté dans Images de la fin du monde.

Ce qui n'était donc pas mon cas. J'ai plissé les yeux et froncé les sourcils une bonne partie du bouquin, à me demander dans quoi il m'embarque, monsieur Siébert.

Il m'a embarquée dans un monde dégueulasse, pourri jusqu'à la moelle, qui n'est pas sans rappeler Dantec, comme indiqué sur le quatrième de couverture. Oui, on sent, du début à la fin, La Sirène rouge, Les Racines du Mal, Babylon babies, voire Les Résidents, comme références. Ça tombe bien, j'ai adoré ce parano de Dantec (comme auteur, beaucoup moins pour son positionnement philosophico-politique), dans ses premières œuvres. Beaucoup moins après Babylon babies.

Sans spoiler, j'ai beaucoup aimé le passage avec la pierre noire, qui m'a bien chatouillé l'imaginaire.

Pour peu qu'on aime bien le sadisme, la corruption, la crasse, on devrait s'y retrouver. À condition, cependant, de ne pas se montrer rebuté par les puzzles.

Parce que le livre est présenté, un peu, comme un dossier pénal. Le sieur Siébert ne prend pas son lecteur pour un con. Il le submerge donc d'informations où la fiction et la réalité peuvent se mêler. Il faut s'accrocher et réfléchir, partir du détail pour ensuite prendre du recul, dans le temps et dans l'espace. Comment ce pays en est arrivé à cette situation dramatique? Pourquoi ces femmes sont-elles mortes? Pour qui?

C'est dense, c'est touffu, c'est riche.

Je n'imagine pas le temps qu'il aura fallu pour construire cet univers, avec une telle précision.

J'ai donc la ferme intention de retourner à Mertvecgorod, d'ici assez peu de temps, pour voir jusqu'à quel point l'esprit humain peut sombrer.

dimanche 4 juin 2023

Critique: Gokan, de Diniz Galhos





Je connaissais Diniz par ses traductions de mes bouquins préférés. Il faut dire qu'il a un nom qui sort de mon ordinaire, et qui se retient plutôt pas mal. Le hasard a amené nos chemins virtuels à se croiser, il y a peu, et j'ai découvert un type avec des valeurs qui me plaisent bien et des goûts littéraires qui collent avec les miens.

De mon point de vue, ça suffit déjà à justifier l'achat de ses romans.

J'ai donc essayé Gokan, au Cherche-midi, (il me pardonnera pour les accents, j'espère, je ne sais pas où Linux me les a foutus (et j'ai un peu la flemme de chercher)), qui est malheureusement trop difficile à trouver. Raison pour laquelle je me retrouve avec un livre d'occasion, dans un état correct.

Dès les premières pages, je me suis dit "mais il est bon, ce con!". On s'habitue un peu trop à ce que les mecs talentueux soient des pourritures, alors, forcément, ça peut surprendre. Et, peut-être par jalousie, j'ai cherché des défauts. Alors, ma deuxième réflexion, ça a été de me dire "Ok, Diniz, ça va, on a compris que tu connais le Japon mieux qu'un Japonnais. Et la ramène pas trop non plus niveau musique, hein?"

Sauf que j'ai dû me rendre très vite à l'évidence que c'était de la mauvaise foi de ma part. C'est bien dosé, ça se passe au Japon et il nous y plonge avec maîtrise. C'est ça, qui me frappe le plus: le style. C'est rythmé, c'est riche mais pas "m'as tu vu". De temps en temps, il te met une petite claque pour te réveiller. La figure de style, la punchline qui va bien...

Ok, tu maîtrises le kung-fu, maintenant, montre-moi ce que tu as dans le ventre.

Diniz nous raconte une histoire simple, une histoire de yakuzas, avec une valise pleine de billets, un américain bien dégueulasse, une jeune femme qu'il ne faut définitivement pas emmerder, des flingues, des armes par destination et quelques pauvres types qui se demandent ce qu'ils font dans ce merdier.

C'est du Tarantino version roman. C'est indiqué sur la couverture, c'est rappelé dans le récit, c'est totalement revendiqué.

Il ne faut donc pas chercher des grands sentiments, de la philosophie, une morale bouleversante... Non, c'est du divertissement, c'est du défoulement, c'est un assemblage d'éléments disparates de la culture pop. 

C'est de la série B, mais écrite comme si c'était de la "grande littérature", c'est de la vulgarité écrite avec talent. C'est aussi un exercice de style: comment transposer du cinéma en mots et juste en mots.

Diniz nous présente des personnages caricaturaux, comme l'Américain, qu'il réussit à rendre crédibles, vivants. Ils ont tous une histoire, même les plus insignifiants, une personnalité et je me suis demandé tout au long du roman "mais où il veut en venir? C'est quoi le rapport entre tous ces gens qu'il nous dépeint avec finesse?".

Je ne vais pas spoiler, mais ça me rappelle un peu quand j'étais gosse, que j'inventais des histoires avec mes jouets, que je leur donnais une personnalité, pendant des heures et à la fin... bam bam bam!

Voilà, il n'y a pas d'autre prétention, c'est conçu pour être jouissif. Et ça l'est.

Une fois terminé, je me suis donc posé une autre question: pourquoi il n'est pas plus connu, ce bouquin, mais aussi son auteur? Pourquoi je ne le découvre que maintenant?

lundi 15 mai 2023

Critique: Parents toxiques, de Susan Forward

 



C'est là que je me rends pleinement compte que critiquer un livre, c'est avant tout parler de soi. Comment traiter de Parents toxiques, de Susan Forward, chez Stock sans évoquer des pans de ma vie privée qui devraient le rester?...

Je vais juste expliquer que ce livre est très bien écrit. On commence par une description précise, agrémentée d'exemples concrets de toxicité parentale, dans lesquels les concernés vont très vite se reconnaître... et souffrir. Parce que justement, Susan Forward touche à l'intime, au tabou, à des gens très souvent idéalisés, et elle nous explique, avec son expérience, que des comportements qu'on jugeait sinon normaux tout au moins acceptables ne le sont pas, ne l'ont jamais été.

Susan Forward, docteure, thérapeute et experte notamment de l'inceste, casse les idoles, nous amène à nous remettre en question, à mettre en perspective nos sentiments de culpabilité, nos peurs, nos hontes. Elle nous explique le rôle d'un parent et ses limites, alors que pour chacun d'entre nous, ce sont justement les parents qui les fixent, les limites, et celles-ci deviennent, qu'on le veuille ou non, nos références. Qu'on les accepte ou qu'on les rejette violemment, les limites posées par nos parents restent notre norme, jusqu'à ce qu'on nous explique, avec autorité et arguments, que ce n'est pas un fonctionnement sain et qu'on peut vivre autrement.

La seconde partie détaille les différentes étapes pour y parvenir, pour s'extraire de leur emprise, même s'ils sont violents, même s'ils sont malades, même s'ils sont décédés. Il y a la prise de conscience, la colère, la distanciation, la confrontation, l'apaisement. Susan Forward sait de quoi elle parle. Elle anticipe chacune de nos réactions, y compris le rejet. Elle nous explique qu'on va commencer par rejeter l'idée même de confrontation, avant de commencer à l'envisager dans un jour lointain et puis... On sent son expérience à chaque paragraphe.

En conclusion, elle prend du recul et démontre que les parents toxiques engendrent... des parents toxiques, dans un cercle vicieux qu'il est difficile de briser. Les traumatismes d'un passé parfois très lointain engendrent des traumatismes en chaîne. C'est justement l'un des projets sur lesquels je travaille en ce moment. Le grand projet du moment.

Bref, je conseille la lecture de ce livre non seulement à ceux qui pensent avoir des parents toxiques, mais aussi aux autres, parce qu'ils pourraient être surpris, et parce que c'est toujours bon de comprendre l'autre.

vendredi 21 avril 2023

Critique: Oser, de Frédéric Fanget


 

Pour ma deuxième chronique, je vais parler d'Oser, Thérapie de la confiance en soi, par Frédéric Fanget aux éditions Odile Jacob.

Ce qui est rigolo, c'est que ce livre faisait partie de la liste que ma psychologue m'avait donnée pour travailler sur ma phobie sociale, alors que... je l'avais déjà dans ma bibliothèque depuis une quinzaine d'années.

Je l'avais lu, mais il ne m'avait pas marquée. Raison pour laquelle je me suis retrouvée, après les restrictions sociales liées au covid, en thérapie, à devoir le relire.

Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il s'agit d'un livre pratique. Le lire ne présente qu'assez peu d'intérêt: il faut mettre en pratique les exercices. Et... c'est quand même mieux si on est accompagné par un professionnel.

La dernière partie est d'ailleurs présentée comme un approfondissement des techniques, avec le conseil de ne pas le faire seul.

Je dois dire que je l'ai trouvé bien moins intéressant que La Peur des autres, de Christophe André et Patrick Légeron, parce qu'il traite, finalement, du même sujet sous un autre angle. Et l'angle me convient moins.

Cela dit, il m'a permis de conforter et d’approfondir les enseignements du précédent. Tous les livres et toutes les vidéos qui figurent sur la liste sont de toute façon complémentaires.

Oser commence par expliquer, avec force schémas, le fonctionnement du manque de confiance en soi qui s'inscrit dans un cercle vicieux, et qu'il faut donc remplacer par un cercle vertueux.

En substance, si on manque de confiance en soi, on va se cacher et éviter toutes les situations pour lesquelles on ne se trouve pas à la hauteur, ce qui va nous conforter dans notre manque de confiance en soi, puisqu'on ne pourra pas se prouver que c'est faux, s'améliorer, évoluer... 

La deuxième partie explique comment y remédier de façon très progressive, en prenant du recul. C'est là que j'ai compris que les démons intérieurs qui m'empêchent d'agir doivent être exposés en pleine lumière. Pourquoi je n'ose pas aller vers cette personne, concrètement? Parce que je me trouve nulle? C'est quoi, exactement "nulle"? Qu'est-ce que j'entends précisément par là? J'ai des défauts? Oui, j'ai peut-être aussi quelques qualités et comment je peux deviner comment cette personne, qui a aussi des défauts et des qualités, va me percevoir?

Bref, pour commencer à aller mieux, il faut écrire, poser les problèmes comme des opérations mathématiques, avec méthode et patience, parce que ça peut être long de prendre confiance en soi, de petite expérience positive en petite expérience positive.

Je le conseille donc aux personnes concernées, en complément avec La Peur des autres. Et peut-être d'autres livres dont je parlerai ultérieurement.

mercredi 12 avril 2023

J'ai participé à un casting et j'ai été nulle

C'est pratique, maintenant, pour ceux qui ne veulent pas lire ou qui veulent entendre ma douce voix, vous avez la version audio de l'article. Et vous pouvez même vous abonner au podcast pour ne rien rater.

 J'ai donc participé à un casting, hier soir, et j'en ressors avec des sentiments mitigés.

Ce n'est que jeudi qu'on nous a invités, dans l'association où j'apprends le théâtre depuis quelques mois, à participer à ce casting. Le but étant de recruter pour une pièce de théâtre qui sera répétée pendant un an et jouée pendant six mois. Gros projet, gros engagement, si on accepte, il faut aller au bout.

La pièce n'est pas encore totalement validée. Lors du casting, son choix était encore sérieusement discuté.

Donc il était question de s'engager sur le long terme pour... une association que je découvre encore et une pièce pas encore déterminée.

Le timing me semblait, d'emblée, très mauvais.

Parce que je débute, je ne suis jamais montée sur des planches, je ne me suis jamais confrontée à un public, j'ignore si mes nerfs vont apprécier et si l'expérience va me plaire.

En prime, je suis en transition. Autrement dit, je suis en train de changer, physiquement, psychologiquement, socialement et... il est possible que je subisse des interventions chirurgicales avec arrêt maladie, d'ici un an et demi.

Dans un premier temps, je n'étais donc pas franchement emballée, même si, évidemment, j'ai très envie, un jour, de jouer, d'intégrer un tel projet. Sauf que pour le moment, je suis surtout dans une démarche thérapeutique, avec cet apprentissage, pour prendre confiance en moi, progressivement.

Donc, le jeudi soir, je me disais que non, je ne participerai pas à ce casting.

Le vendredi, j'y ai réfléchi un peu plus, et je me suis dit que même si je ne participais pas à la pièce, ça pourrait être une expérience intéressante, ce casting. Et puis... ce serait l'occasion de tester un de mes sketchs devant un public, restreint, a priori bienveillant... 

Le samedi, l'idée a commencé à mûrir, et je me suis choisi un sketch en solo déjà écrit.

Le dimanche, j'ai enregistré ce sketch en podcast, pour voir, et j'ai commencé à y apporter quelques modifications. Parce qu'entre la façon dont je l'imagine dans ma tête et la façon dont il sort de ma bouche... Il y a un écart.

Le lundi, j'ai commencé à le répéter et là aussi je me suis rendue compte qu'il y avait des soucis dans sa construction. Et... j'ai commencé à me rendre compte que je ne savais absolument pas quoi faire de mon corps, de mes mains, de mes jambes, de mes mouvements... Mais à ce moment, je n'étais pas encore sûre d'y aller, à ce casting.

Le mardi, soit le jour J, je l'ai travaillé de nouveau, et j'ai constaté que je ne savais toujours pas comment le jouer, en plus d'avoir un blanc récurrent à peu près au milieu de mon texte. Je me suis dit qu'avec un jour ou deux de plus, j'aurais pu être au point. Mais il me restait deux heures...

C'est le message de rappel reçu sur Whatsapp qui m'a convaincue d'y aller quand même, alors que j'avais arrêté de répéter pour faire totalement autre chose. Je connais mon cerveau: il était saturé, il avait besoin de temps et notamment d'une nuit de sommeil pour assimiler mon texte.

J'y suis donc allée en me disant "tant pis, de toute façon, vu le peu de temps qu'on a eu, je ne serai sûrement pas la moins bien préparée".

J'ai déchanté en arrivant dans la salle, parce qu'il y avait beaucoup moins de monde que ce que j'avais imaginé. Je m'attendais à ne pas être la seule, dans les grands débutants, à être venue sans grande conviction. On n'était que trois de mon groupe. Et j'ai compris, en plus, qu'on devrait passer devant tout le monde, y compris les cinq ou six personnes que je ne connaissais pas du tout.

Grosse pression.

La première à se lancer était une prof de l'association, si j'ai bien compris. Forcément, je me suis comparée à elle et... je me suis demandé ce que je foutais là. Quand j'ai vu son interminable et immaculée prestation en impro, je me suis demandé s'il ne valait pas mieux me barrer.

J'ai avalé ma salive et je suis restée.

Le second, c'était un membre de mon groupe. J'ai égoïstement espéré qu'il allait me mettre à l'aise avec une prestation moyenne. Ben non. Il m'a confortée dans mon idée que je n'avais absolument rien à faire parmi eux.

Foutue pour foutue, j'y suis allée. J'avais pas envie de me dégonfler. J'ai explosé en plein vol. J'ai senti que ça le faisait pas, que j'étais pas dedans, j'ai eu le fameux blanc en plein milieu de mon texte, j'ai préféré arrêter le massacre là et me rasseoir.

J'aurais sans doute mieux fait de me dégonfler, de me contenter de regarder les autres.

Parce que maintenant je doute de moi, de mon talent d'écriture, de la fiabilité de mon système nerveux face à un public...

Je sais pourtant pourquoi j'ai été nulle.

Déjà, je débute. J'ai parfaitement le droit de me louper alors que ça ne fait que huit mois que je fais du théâtre.

Ensuite, je n'étais pas franchement motivée et en conséquence, j'étais très mal préparée.

Donc, effectivement, au vu de ce contexte, je n'étais pas à ma place.


Mais je ne regrette pas d'y être allée. Oui, c'est paradoxal, mais on se construit sur les échecs. Aujourd'hui, j'ai un gros vague à l'âme, mais dans une semaine, je l'aurai digéré.

C'est une expérience qui va me permettre d'être mieux préparée à l'avenir. C'est important de se confronter aux autres, d'autant que personne ne m'a huée. Bien au contraire, les autres m'ont applaudie et encouragée. Je suis tombée mais c'était dans un contexte bienveillant, ce qui vaut bien mieux que de se prendre une tomate ou un œuf. 

Je suis en train d'apprendre des choses sur moi-même, et ça me sera utile à l'avenir, pour la pratique du théâtre, pour l'écriture et même dans ma vie de tous les jours.

dimanche 9 avril 2023

Je me lance dans le podcast

 Je tente un nouveau média, une nouvelle façon d'exprimer ma créativité.

J'écris des sketchs pour une amie depuis quelques temps, mais elle n'a pas encore eu la possibilité de les matérialiser. Alors, je prends les devants et je teste.

J'ai songé à me filmer, comme elle compte le faire, mais je ne suis pas suffisamment à l'aise avec mon image, pour le moment, alors ce sera de l'audio. 

Je pense qu'avec les podcasts, je peux toucher un autre public, et en tout cas, ça devrait me permettre de tester mes vannes, mon humour et de m'améliorer. J'espère aussi que ces podcasts m'amèneront à rencontrer des personnes qui pourront enrichir mon univers, m'aider à m'améliorer ou créer des opportunités.

En parallèle avec ce podcast de sketchs je compte également transcrire mes deux blogs en audio, parce qu'il y a pas mal de personnes qui sont rebutés par la lecture sur écran. Il se trouve, d'ailleurs, que j'en fais partie.

Pour le blog qui traite de ma transition, malgré un mouvement de fond mondial, la méconnaissance en matière de transidentité reste affolant, et dans ces ténèbres viennent se greffer les fantasmes et délires les plus malsains et les plus... inventifs, donc ça me semble important d'en parler.

Pour ce blog, je pense que le principal intérêt résidera dans mes critiques littéraires, mais évoquer la méthode, la vie, les espoirs, les rêves d'une autrice ne me semble pas vain non plus.

J'essaie, j'explore... J'aviserai au fur et à mesure avec les statistiques et les éventuels retours que je scruterai avec grande attention.

dimanche 26 mars 2023

Critique: La peur des autres, Trac, timidité et phobie sociale, de Christophe André et Patrick Légeron

 




Première chronique, donc, avec ce livre de 332 pages édité par Odile Jacob: La peur des autres, par Christophe André et Patrick Légeron.

Depuis cet été, je suis dans une phase psychothérapie et donc je ne lis plus que ce genre de livres, conseillés par une psychologue.

Quand elle m'a donné la liste des bouquins qui pourraient m'aider à comprendre pourquoi je vais mal et comment aller mieux, j'ai soupiré. Déjà que je la paie, il faut en plus acheter des livres qui ne me serviront probablement à rien.

Sauf que Christophe André, ça me parlait. J'avais vu une vidéo du média Brut, si je ne m'abuse, dans laquelle il était présenté comme une référence. Alors pourquoi pas?

J'ai commencé par lire un livre sur l'EMDR dont je parlerai peut-être dans une autre chronique, ensuite j'ai lu son livre sur la pleine conscience qui était déjà une bonne surprise avant de m'attaquer à celui-ci.

Et son principal intérêt, c'est que c'est un livre plus pratique que théorique. Les auteurs taclent, courtoisement, les tenants de la psychanalyse en expliquant que, chacun son truc, mais enfin il y a des études qui démontrent que leur technique, courte, fonctionne. Et là, bien sûr, il y a la théorie et les considérations générales avant d'en venir aux exercices qui peuvent aider.

Des exercices que ma psy m'avait demandé d'effectuer, sauf que... je ne comprenais pas ce qu'elle me demandait et ça me semblait totalement inadapté. La lecture de ce livre m'a donc permis de comprendre l'intérêt et le mode de fonctionnement de ces exercices.

L'idée générale est que plus on évite les situations angoissantes, plus elles sont angoissantes, donc il faut s'exposer de façon très progressive pour bien intégrer que les scénarios anticipatoires catastrophiques qu'on tisse ne se produisent jamais. On commence par des exercices relativement simples et on termine par les situations qui, au début, nous donnaient des suées rien que d'y penser.

J'ai même appliqué le principe à mes insomnies, et à ma transition, pour que je puisse voir en deux clics que passer une très mauvaise nuit n'aboutit jamais à une tragédie mais, plus simplement, à une journée ennuyeuse et à peine plus pénible que d'habitude. Pas de quoi se retourner dans tous les sens pendant des heures, donc.

Les nombreuses personnes concernées devraient donc s'intéresser à cet excellent livre, qui peut, en prime, aider à s'endormir si on le lit avant de se coucher.

dimanche 5 mars 2023

Le long travail de relecture

 Ça y est. Ma pièce, Comment faire un bon guacamole est "terminée". Elle a un début, un milieu et la fin que j'avais planifiée depuis le départ. J'ai même déjà procédé à une première relecture, histoire d'harmoniser l'ensemble, de corriger les incohérences, d'améliorer certaines vannes, de supprimer des passages inutiles... 

Demain, je vais la relire une fois de plus, et je continuerai jusqu'à ce que je la trouve "parfaite"; ce qui devrait arriver très vite. Je sais, par expérience, que cette "perfection" n'est qu'illusoire. C'est juste que je ne suis plus en capacité de voir les défauts, mon regard glisse sur eux sans y prêter attention. Et pour être capable de les voir, il faudrait que je laisse reposer l'ouvrage, sans y jeter un regard pendant quelques mois, voire quelques années.

Mais la meilleure solution, c'est de faire appel à des regards extérieurs. De toute façon, il s'agit de théâtre et je suis loin d'avoir suffisamment de pratique dans ce domaine pour me passer du regard d'autrui. En plus des incohérences, maladresses stylistiques et coquilles, il faut que cette pièce soit jouable, sinon, elle ne sert strictement à rien en l'état. Autant en faire un court roman.

Je garde, d'ailleurs, cette idée, dans un coin de ma tête.

Là, je me demande si certaines tirades ne sont pas trop longues, si mes personnages n'ont pas trop de textes, s'il ne faudrait pas ajouter des didascalies, si je ne suis pas trop ambitieuse au niveau du décor, est-ce qu'il n'y a pas trop de portes, trop de personnages sur scène en même temps?... 

L'écriture n'est pas une activité solitaire, comme on pourrait le croire. Un texte écrit totalement seul n'a que très peu de chances d'être bon. Il faut du soutien, des idées, des relecteurs, un éditeur, un correcteur, un illustrateur etc. à tout le moins. Et dans le cas du théâtre, c'est encore plus vrai.

Il faut un regard de metteur en scène, de comédien pour juger si c'est réaliste ou pas.

Peut-être que dans une semaine, on va m'expliquer qu'il y a un défaut structurel qui nécessite une réécriture complète. C'est possible. J'y suis préparée.

En tout cas, cette phase risque d'être longue.

Et dans l'attente, j'ai du boulot. Grâce à un ami précieux qui traverse actuellement une épreuve pénible, j'ai des pistes pour améliorer mon roman, Les Métamorphoses. Je pense que j'y travaillerai dès que ma phase de relecture en solo sera terminée. Ensuite, j'ai la version allégée de Comment faire un bon guacamole à écrire. J'ai déjà commencé à y réfléchir et ça s'appellera Le Guacamole pour les amateurs. J'ai rédigé une liste de vannes à incorporer dans la recette... Ça s'annonce piquant.

Et puis, pourquoi pas en faire un roman, après tout? Ça me permettrait de toucher un autre public, avec une histoire et des personnages déjà inventés. C'est une option à creuser, mais je pense, à l'heure actuelle, qu'il vaut mieux attendre d'avoir un peu de recul avant de me décider.

Surtout que j'ai d'autres projets, encore, sur le feu: un autre spectacle pour amateurs basé sur la télé, une autre pièce inspirée de Tailleur pour dames, avec un naturopathe comme personnage principal, mon roman préquelle aux Métamorphose, et, toujours, les sketchs que j'écris pour ma non moins précieuse amie.

Et j'ai aussi pensé à transposer ces articles de blog, ainsi que ceux concernant ma transition, en podcast. Un connaisseur m'a donné les ressources techniques pour me lancer. Il faudra que j'essaie, mais peut-être pas tout de suite non plus. Je ne sais pas si j'attends d'avoir un peu plus de monde sur mon compte Twitter d'autrice ou si je commence en me disant que ça fera justement grimper mon nombre d'abonnés... Il y a un investissement financier et temporel, donc à voir.

A terme, il faudrait aussi que je me fasse un vrai site Internet qui regrouperait mes trois blogs et qui me servirait de vitrine. Mais là, niveau coût financier/temps, c'est franchement pas le moment... Et je le déplore parce que ce serait un énorme coup de pouce. Je pourrais notamment relancer mon guide des éditeurs/revues/concours littéraires avec ça, ce qui serait profitable à tout le monde, mais... j'ai déjà essayé plusieurs fois, j'ai pas les compétences et faire appel à un professionnel ne rentre pas dans mon budget.

Le serpent qui se mord la queue, un peu.

dimanche 26 février 2023

Maîtriser les réseaux sociaux

 J'ai rencontré, hier, une jeune autrice qui vient de sortir son premier roman, chez un gros éditeur. Et visiblement, il cartonne.

Au départ, j'étais sceptique. Vingt-trois ans, toujours étudiante, un roman sorti il y a moins d'un mois et... 150 personnes viendraient faire la queue pour la voir lors de ses séances de dédicaces? Improbable.

Et puis, j'ai discuté avec son père ainsi qu'avec elle et je suis allée sur son site Internet, son compte Instagram etc Là, je me suis dit que c'était possible, en effet, qu'elle ait du succès, sans avoir lu une ligne de son oeuvre.

Elle m'a dit que la plupart des écrivains ne savent pas se vendre. C'est un fait connu depuis bien longtemps, d'où la difficulté, pour les éditeurs, de les repérer. Cette jeune femme dispose d'un master en communication... Et elle maîtrise les codes des réseaux sociaux à la perfection.

Son compte Instagram est suivi par plus de 14 000 personnes et je trouve ça fascinant. Instagram, c'est de l'image, de la photo, de la vidéo, du dessin, mais pour ce qui est du texte, ce n'est pas adapté. Que viendrait donc faire un écrivain sur ce type de média? Effectivement, seul, Instagram n'est pas très utile pour un écrivain, mais en complément d'un site Internet, d'un podcast, d'un compte Wattpad... il permet de toucher et rassembler un public jeune, qui peut aussi se rêver en écrivain. Ça permet ce qu'on appelle un "story telling". On construit son image d'artiste, on va chercher ses lecteurs partout où on peut et on les fidélise avec notre propre histoire, palpitante. Est-ce que ce livre dont on nous parle depuis si longtemps va finir par être édité et rencontrer le succès?

C'est d'autant plus intelligent quand on écrit dans le genre "young adult" comme notre jeune autrice.

Mais oui, les éditeurs, avant de signer quelqu'un, vont stalker sur les réseaux sociaux pour savoir à qui ils ont affaire. Et s'ils voient que l'auteur est suivi par 14 000 personnes, avec un compte sans polémique, ça va les inciter, alors qu'un compte à 100 followers qui passe son temps à raconter sa vie et à insulter tout le monde, ça peut rebuter.

C'est pour cette raison que j'ai décidé de prêter un peu plus attention à mon image sur Internet. Pour les insultes, j'ai été bien éduquée, par contre pour ce qui est du "shitpost"... je vais le réserver pour mon petit cercle.

Il faut être pro.

Et comme la communication, c'est important, mais ce n'est quand même pas l'essentiel, je devrais avoir "terminé" ma pièce de théâtre, Comment faire un bon guacamole, d'ici quelques jours. Je mets des guillemets parce qu'il y aura, bien sûr, une longue phase de relecture par la suite, avant de la proposer à la trentaine d'éditeurs que j'ai déjà pu identifier.

Mais je reparlerai de ce texte, et de ma stratégie globale une prochaine fois.

dimanche 5 février 2023

J'essaie d'être drôle

 Ca faisait un sacré moment que je n'avais plus écrit d'article sur ce blog, dites donc.


Hé bien c'est parce que j'étais très occupée avec le boulot que j'ai arrêté en décembre dernier, parce que je ne me sentais pas parfaitement à ma place et ça jouait beaucoup sur mes nerfs.

Alors, comme j'ai aussi au moins une opération chirurgicale prévue dans quelques mois, avec un mois d'arrêt maladie, je profite de bénéficier d'allocations de retour à l'emploi pendant près d'un an pour... bosser... en libéral... sur plusieurs projets littéraires.

J'ai quelques raisons de croire que j'ai un peu de talent et donc ça me semble pertinent d'utiliser cette période de transition pour m'y lancer à temps plein et voir si je peux en vivre.

Donc tous les jours, j'écris. Je m'y mets vers 10h30, la semaine, pour arrêter vers 12h30. Ensuite, je mange, si le temps me le permet, je me balade 45 minutes, ce qui me permet de prendre du recul et de trouver de nouvelles idées. Vers 15h, je retourne sur mon traitement de texte jusqu'à 17h30. Le samedi et le dimanche, j'évite le traitement de texte, autant que possible: je me repose, je fais totalement autre chose. Evidemment, c'est là que les meilleures idées me viennent et quand ça arrive, je les note précieusement sur mes Post-it, pour le lundi.

Voilà comment se déroule ma semaine, souvent interrompue, malheureusement, par des rendez-vous médicaux, et par mon autre boulot, toujours dans l'écriture.

Niveau projets, j'en ai... beaucoup.

Il y a toujours mon roman fantastico-érotique, qui ne finira pas au fond d'un tiroir. J'espère juste ne pas avoir à l'auto-éditer, mais si je n'ai pas d'autre option, je n'hésiterai pas à le faire.

J'ai commencé à faire du théâtre en septembre, et... j'ai immédiatement été frappée par le manque de textes pour les petites troupes d'amateurs.

Je vois celles de mon secteur jouer des bouts de grandes pièces, ce qui est frustrant pour tout le monde, jouer des sketchs hyper connus, ce qui est sympa mais pas pleinement satisfaisant, et, surtout, jouer des pièces abominables, écrites avec les pieds. Et les gens paient, pour ça.

Mon esprit créatif, face à ces textes mal adaptés, se met immédiatement à mouliner, à trouver des moyens de les rendre plus actuels, plus simples à jouer, plus satisfaisants... On aime ou pas mes propositions, le fait est que je fourmille d'idées.

J'ai une amie qui m'a demandé de lui écrire des sketchs, pour qu'elle puisse se filmer en train de les jouer et les mettre en ligne. Je suis emballée et je lui ai sortie à peu près un court texte par semaine, depuis décembre. J'attends désormais (avec une impatience terrible) de voir comment elle va leur donner corps et comment les gens vont réagir.

En parallèle, j'écris une pièce de théâtre qui me travaillait depuis des mois, sur le judiciaire. Elle risque d'être un peu compliquée à mettre en scène pour des amateurs, mais... je fais mon possible pour qu'elle soit très drôle. Et si je ne me loupe pas, il y aura toujours des gens pour vouloir la monter, et l'éditer, ce qui pourrait me faire gagner un peu d'argent.

Une fois terminée, je compte, donc, en faire une version simplifiée, sans histoire. Ce sera juste une série de saynètes avec les passages les plus drôles. Ainsi, ce sera beaucoup plus simple à mettre en scène et ce sera adapté à n'importe quelle troupe, grande ou petite.

Après... je commence à réfléchir à un second spectacle dans la même veine, mais sur un autre thème, ou alors, j'envisage une autre pièce, avec une histoire, plus ou moins inspirée de Tailleur pour dames, de Feydeau.

Je verrai, d'ici là, comment les choses auront évolué pour moi.

Et j'ai depuis plusieurs années un grand projet, plus complexe, plus ambitieux, de roman fantastique, dans le même univers que Les Métamorphoses, sans l'érotisme.

Le plan, c'est de terminer un maximum de projets autrement plus courts, de voir comment ça marche, d'essayer de générer des revenus grâce à eux, pour préparer le terrain au roman. Me faire un nom et une assise financière pour pouvoir me concentrer sur le bébé avec confiance.

C'est ambitieux, probablement même arrogant, mais c'est le moment où jamais d'essayer. 

En tout état de cause, je vais changer mon plan au fur et à mesure. Certains projets vont probablement foirer, d'autres vont peut-être tellement bien fonctionner que je vais vouloir aller au bout avant de passer à autre chose. Je multiplie les chances au maximum, et je vois quel créneau exploiter et comment.

Et donc, le dimanche, j'essaie de bloguer un peu, pendant une heure, parce que ça permet aussi de prendre du recul, de se remettre en question et d'obtenir des idées d'autres personnes qui pourraient me lire...