dimanche 17 mars 2024

Critique: Ségurant, Le Chevalier au dragon par Emanuele Arioli


 

Que vous dire? J'ai découvert l'existence de ce roman à la fois très ancien et très récent dans La Voix du Nord. Il se trouve qu'Emanuele Arioli, qui a fait l'objet d'un documentaire sur Arte en plus des articles dans la presse locale, est enseignant dans mon ancienne fac. Je me souviens avec émotion du prof de littérature médiévale qui a échoué totalement à me faire aimer cette littérature. Parce qu'il manquait un peu de passion. Et pourtant, je m'intéresse à tout, y compris aux œuvres de l'antiquité et toutes ces histoires de chevalerie me fascinent.

C'est pourquoi j'ai très vite acheté ce livre, dès que j'ai découvert son existence. 

J'avais une grosse crainte sur la langue qui serait utilisée. Parce que l'ancien français, je l'ai étudié, aussi, avec plus d'intérêt à l'époque, mais... c'était il y a longtemps et je n'ai jamais été experte. Aucun souci, cela dit: on est sur une transcription intelligente. Je n'ai même pas éprouvé le besoin de consulter le glossaire, à la fin. D'ailleurs, je ne suis pas fan des glossaires à la fin. Je préfère les notes de bas de page sans la moindre hésitation.

Le seul détail qui m'a gênée c'est la répétition de "que vous dire?" qui doit correspondre à la perfection à l'intention de l'auteur, qui fait très couleur locale, si je puis dire, mais qui agace la lectrice moderne que je suis.

Pour le reste, c'est l'histoire de Ségurant, qui aurait pu surclasser jusqu'à Lancelot, s'il n'avait subi un puissant sortilège qui le pousse à lutter sans relâche contre un terrifiant dragon.

Bien sûr, l'inconvénient avec ce récit disparu puis retrouvé, ce sont les lacunes dans le texte. Si la quête d'Emanuele Arioli a fait l'objet d'articles et d'un documentaire, c'est parce qu'elle présente un intérêt comparable à celui de l'histoire. Alors oui, il manque des bouts, il y a des passages dont on ne sait pas bien quoi faire, des variantes... Mais je le savais d'avance. Il s'agit d'un roman éparpillé façon puzzle aux quatre coins de l'Europe, dans diverses bibliothèques, et ça nous plonge justement dans cette époque dépourvue de traitements de texte, où la littérature se montre fragile.

En somme, ça se lit bien, ça se lit vite et pour peu qu'on s'intéresse à cette période, on peut se passionner pour ce chevalier un peu trop parfait, à l'humour... daté, tout comme son compagnon bien moins valeureux, Dinadan.

Et c'est édité par Les Belles Lettres.