dimanche 7 avril 2024

Critique: Kill the rich ! par anonyme

 



C'est une amie qui m'a fait découvrir, il y a une paire d'années désormais, la saga du Bourbon kid, avec Le Livre sans nom par un auteur anonyme. Je suis tombée amoureuse du concept et de son audace.

Dès la première page, une question est venue me tabasser le crâne et elle ne m'a plus jamais lâchée: "Comment c'est possible?". Dès l'incipit, on est confronté à tout ce que je m'interdisais de mettre dans mes propres récits: des clichés monstrueux par palettes entières et de l'humour scato poussé à l'extrême. Et pourtant, ça marche.

J'ai lu le premier opus de cette saga dans un jouissif état de sidération, du début à la fin. Alors, j'ai lu deuxième et puis le troisième... Pour renouveler l'expérience, et pour comprendre.

Je pense avoir compris. Tout est question de dosage, d'équilibre. C'est comme les films de Tarantino dont l'esprit hante chaque page. Il y a tous les ingrédients pour aboutir à un infâme nanar et pourtant, ça marche. Parce que c'est assumé, parce que c'est articulé de façon intelligente, parce que c'est maîtrisé, parce qu'il y a une vraie structure et un vrai style pour porter tous ces clichés...

C'est ce qui fait toute la différence avec un premier roman écrit par un ado.

Le problème, c'est qu'au-delà des trois premiers opus, ça ne fonctionne plus. Déjà, dans Le Cimetière du diable, j'ai senti l'édifice s'ébranler sévère. L'effet de surprise s'estompe, l'humour scato commence à devenir lourd et les personnages perdent leur aura.

Et à chaque nouveau roman, la qualité se dégrade un peu plus.

J'ai pourtant continué à lire, parce que ça me faisait marrer, parce que ça me change de la production habituelle et des "classiques de la littérature". Ça m'encourage: je me dis que c'est moins bon et pourtant, ça s'édite et ça se vend quand même.

Mais sur Kill the rich !, je pense qu'anonyme en a marre.

Je n'aime pas me montrer méprisante, je préfère la bienveillance, même quand j'ai pas aimé, mais là, notre auteur a foutu en l'air son univers et j'ai l'intuition que c'est volontaire.

L'écriture est beaucoup moins soignée, réfléchie que par le passé, sans même parler des trois premiers. Les personnages se font saccager. On sent dès les premières pages que l'auteur n'en peut plus de Sanchez, alors BAM! Mention spéciale, bien sûr, pour le kid, qui n'en est plus un, qui est allé au bout de son histoire, de sa mythologie et qui n'a donc plus de raison d'être, mais qui est quand même toujours là, qui tire sur la corde de façon insensée et qui en perd tout son intérêt, tout son charisme.

Et il se trouve que c'est sa saga, c'est censé être le personnage central. Ce n'est plus le cas et de toute façon tous les personnages sont devenus des caricatures d'eux-mêmes, alors qu'ils étaient déjà des caricatures.

J'ai donc souffert sur 540 pages à voir les personnages que j'aimais se faire ainsi maltraiter par leur propre créateur, qui n'y croit plus.

C'est triste, mais je pense qu'il est plus que temps de passer à autre chose. En tout cas, c'est ce que je compte faire, en ce qui me concerne.

Merci pour le fun, anonyme. C'était très cool, au début.

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